Forum de l’OCDE : Les syndicats demandent la réduction des inégalités

Economie par Françoise Lambert

Photographies : F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

Comment renforcer la productivité et partager entre tous les fruits de la croissance : tel est l’axe central de la réflexion menée au sein du forum de l’OCDE les 31 mai et 1er juin. Parmi les quelques 80 débats, figurait une table-ronde sur l’économie digitale et l’avenir du travail. Jean-Claude Mailly y a rappelé la préoccupation de FO pour « les galériens du numérique ».

Lors de la semaine de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), un forum réunissait les 31 mai et 1er juin responsables syndicaux, chefs d’entreprise, économistes, universitaires et responsables gouvernementaux, en prélude à la réunion de ministres des 34 pays membres et de pays partenaires de l’OCDE, qui se tient cette année sous la présidence du Chili.

Pas moins de 80 débats

Quelque 80 débats ont lieu, autour d’une réflexion sur la productivité et les inégalités. Y sont abordées les mutations à l’œuvre, notamment le développement de l’économie digitale, le changement climatique, les migrations, et les conséquences de ces tendances économiques, sociales et sociétales.

Frances O’Grady, Sharan Burrow, Luca Visentini et John Evans.
Frances O’Grady (TUC), Sharan Burrow (ITUC), Luca Visentini (ETUC) et John Evans (TUAC)

Gabriela Ramos, conseillère spéciale du secrétaire général de l’OCDE, a présenté hier un rapport sur « L’articulation entre productivité et inclusivité », estimant qu’il convenait que tous puissent « tirer profit des gains de productivité ». « Cela signifie en pratique prendre des mesures pour aider les personnes, les entreprises et les régions qui sont à la traîne », a-t-elle précisé.

Revaloriser les revenus faibles et intermédiaires

Du côté syndical, John Evans, secrétaire général de la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (TUAC en anglais), qui représente 58 confédérations syndicales nationales, a rappelé les principaux messages des syndicats à l’intention du conseil ministériel et du forum de l’OCDE. Alors que les inégalités de revenus se creusent, il a notamment appelé à revaloriser les revenus faibles et intermédiaires, mais aussi à « diffuser les gains de la numérisation de l’économie de manière équitable ».

11% des personnes ont du mal à s’en sortir dans le pays de l’OCDE

Sharan Burrows, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI ou, en anglais, ITUC), a donné quelques chiffres édifiants, issus d’un sondage sur les « Salaires et inégalités », rendu public le 31 mai 2016 à l’occasion du forum de l’OCDE. 11% des personnes interrogées dans neuf pays du G20, dont la France, les États-Unis, la Chine et l’Argentine, ont rapporté qu’ils ne disposaient pas d’un budget suffisant pour satisfaire leurs besoins élémentaires comme le logement, la nourriture et l’électricité. Et 45% ont déclaré avoir du mal à s’en sortir.

Développer l’investissement public

Luca Vinsentini, secrétaire confédéral de la Confédération européenne des syndicats (ETUC en anglais) a souligné un léger changement au sein des gouvernements des pays de l’OCDE, qui « commencent à admettre qu’il existe une injustice à l’œuvre dans les politique d’austérité ». Le responsable syndical européen a insisté sur la nécessité de développer l’investissement public. Il a également évoqué le cas les personnes travaillant avec le statut d’auto-entrepreneur : « Ils sont considérés comme des entrepreneurs alors qu’ils sont des travailleurs dans le besoin d’une protection sociale spécifique. »

Améliorer le sort des « galériens du numérique »

Le statut des travailleurs de l’économie digitale a été abordé au cours d’une table-ronde sur l’économie digitale et l’avenir du travail, le 31 mai. « Nous sommes en train de créer une zone grise, ils ne sont ni salariés, ni entrepreneurs », a critiqué Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, qui intervenait au côtés de la Ministre du Travail du Chili, Ximena Rincon, et d’acteurs de l’économie numérique.

Photographie : F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

Le leader de FO a également rappelé que l’économie numérique ne se résumait pas à des revenus d’appoint et qu’il existait des « galériens du numérique », qui « travaillent dans des conditions impensables. »

Si, pour FO, le développement du numérique nécessite de nouveaux droits pour les salariés concernés, le syndicat s’oppose à ce qu’il soit un prétexte pour attaquer les droits collectifs existants comme le CDI ou la protection sociale.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante