France Télévision : une stratégie d’économies tous azimuts

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront, FASAP FO

«  Esplanade Henri de France  » par Sebjarod — Photographie par Utilisateur:Sebjarod. Sous licence Image non libre via Wikipédia.

Pour bénéficier de davantage de ressources publiques, le groupe présente à l’État son plan stratégique. Celui-ci prévoit une réduction drastique des moyens et des effectifs d’ici 2020. Cinq cents postes seraient ainsi supprimés.

Les effectifs du groupe public France Télévision (9750 en équivalent plein temps en 2015) vont diminuer d’ici 2020. La direction annonce ainsi une suppression nette de 500 postes entre 2016 et 2020, par le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux.

« La direction effectue un simple calcul arithmétique en prenant le paramètre de la pyramide des âges » indique Claire Agneiray pour le syndicat FO de France Télévision.

Entre 2012 et la fin 2015 notait déjà le projet de loi de finances de 2016, 740 emplois (équivalent plein temps) auront été supprimés, notamment à travers un plan de départs volontaires.

Dans le cadre du nouveau contrat d’objectifs et de moyens (COM) pour la période 2016-2020, en cours de signature avec l’État, le groupe prévoit un plan stratégique comportant un plan d’économies drastiques de 70 millions d’euros.

Cinquante millions proviendraient du recul prévu de la masse salariale en lien avec un millier de départs en retraites compensés seulement pour moitié. Vingt millions proviendraient d’économies de structures et cela alors que le groupe lancera en septembre sa chaîne d’informations en continu, France Info.

« A moyens constants »

« Pour l’instant nous n’avons pas de précisions sur ces économies. On est juste dans de grandes généralités. Quoi qu’il en soit, ces annonces confirment une politique de réduction des moyens et des effectifs » s’insurge pour FO Claire Agneiray.

Parmi les économies, le recours aux intermittents déjà en régression depuis 2012 sera encore réduit. Les intermittents représentaient 19% des effectifs en 2012, ils ne représenteront plus que 14% en 2020 indique la militante.

Le syndicat note par ailleurs que la création de la chaîne d’info va se faire à moyens constants. Le fonctionnement de la future France Info va ainsi « nécessiter de faire appel aux ressources internes… Avec les risques que cela représente au plan de la surcharge de travail pour les salariés. »

En parallèle, le groupe France Télévision, qui a subi une baisse de ses recettes publicitaires, annonce que ses ressources publiques devraient augmenter de 80 millions d’ici 2020.

« Des efforts à hauteur de 70 millions »

Dans le cadre de la négociation du contrat d’objectifs et de moyens, « la direction de France Télévision demandait 150 millions supplémentaires à l’État d’ici 2020 » explique le syndicat FO. « Celui-ci a accepté une hausse de 80 millions mais il a demandé que le groupe fasse des efforts à hauteur de 70 millions. »

En 2016, l’ensemble des ressources publiques destinées à l’audiovisuel s’élèvent à 3.8 milliards dont 2.5 milliards pour France télévision.

Pour le groupe, ces ressources reposent actuellement sur les recettes collectées par l’État via la Contribution à l’audiovisuel (CAP, l’ancienne redevance), celles émanant d’une part de la taxe sur les opérateurs télécoms (TOCE). A cela, il faut ajouter un financement spécifique par l’État.

Or, celui-ci n’a cessé de baisser ces dernières années.

Il était de 292 millions en 2014, puis de 160 millions en 2015 puis de 40.5 millions en 2016. Le gouvernement prévoyait l’an dernier que cette dotation soit ramenée à 29 millions en 2017, avant de la supprimer dès 2018.

Elle serait finalement de 38 millions l’an prochain puis augmenterait jusqu’à 2020. Le projet de loi pour 2017 qui sera présenté à l’automne devrait préciser cette perspective.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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