L a dissolution surprise annoncée par le président de la République aura finalement surpris d’abord son entourage et le reste de son gouvernement. Cette décision de dissoudre l’Assemblée nationale, au soir d’un échec cuisant aux élections européennes, est surtout un aveu d’échec. Aveu d’échec à contenir ou à apporter des réponses aux colères qui se sont exprimées dans les urnes. Colère face à une inflation toujours élevée, aux reculs du pouvoir d’achat, à l’envolée des factures énergétiques. Colère face aux reculs des services publics, à la situation de l’hôpital public, au manque de moyens et d’effectifs dans les écoles. Colère face aux déserts médicaux, colère toujours vive face à une réforme des retraites rejetée par une immense majorité de la population et imposée sans véritable débat au Parlement, colère face au recul inédit des droits, engagé par la réforme de l’Assurance chômage.
Cette décision de dissoudre est aussi l’échec d’une politique qui s’entête dans une posture de va-t-en-guerre, quand l’immense majorité des salariés attend des réponses sur les salaires et les conditions de travail.
C’est encore l’échec d’une pratique du pouvoir verticale, qui méprise les contre-pouvoirs, le Parlement, les interlocuteurs sociaux et la démocratie sociale.
Cette situation, aussi inédite et explosive soit-elle, ne doit pas nous conduire à dissoudre nos valeurs. La position de la confédération est claire, indépendants nous sommes, indépendants nous resterons !
Les grandes manœuvres politiciennes opérées en un temps record conduisent inévitablement à des catalogues d’engagements et de promesses qui n’engagent que ceux qui les tiennent.
À Force Ouvrière, nous ne nous laisserons pas instrumentaliser. La seule politique que nous faisons, c’est de la politique syndicale… Nous continuerons de porter nos revendications quels que soient nos interlocuteurs.
Nous continuerons de revendiquer de meilleurs salaires, l’amélioration des conditions de travail, de véritables politiques de relance et de réindustrialisation, au service de la transition écologique, pour des services publics forts, pour redonner la place qui est la sienne à la négociation collective et au paritarisme.
Ne pas dissoudre nos valeurs c’est aussi réaffirmer notre rejet de toute forme de racisme, de xénophobie, d’antisémitisme et de rejet de l’autre…
Indépendants nous sommes, indépendants nous resterons !
Profondément attachée aux principes républicains, Force Ouvrière s’est toujours opposée au principe de préférence ou de priorité nationale et à la discrimination entre les travailleurs, contraires à la solidarité qui fonde notre action syndicale.
Ne pas dissoudre nos valeurs, c’est réaffirmer que FO défend sans relâche les libertés syndicales, le droit de grève et, plus généralement, s’oppose à toutes les atteintes aux droits des travailleurs.
C’est réaffirmer encore notre attachement indéfectible à la pratique contractuelle et conventionnelle, au paritarisme, à la protection sociale collective, à l’égalité républicaine et à la laïcité.