Germaine Krull : une photographe entre révolution et libération

Exposition à Paris par Michel Pourcelot

Photographe témoin de l’Entre-deux guerre, Germaine Krull (1897-1985) n’a cessé d’allier engagement et esthétisme, explorant les différentes facettes de la société de son époque : condition féminine et ouvrière, recherches graphiques... Ses photos sont exposées au Jeu de Paume, à Paris, jusqu’au 27 septembre 2015

Très représentative de l’avant-garde photographique des années 20 et 30, liant réalisme et esthétisme, Germaine Krull est l’objet d’une exposition qui certes ne rend pas tout à fait compte de l’étendue de son art mais en offre néanmoins un bon aperçu.

Née en 1897, en Allemagne, à Posen, aujourd’hui Poznan en Pologne, Germaine Krull suit à Munich les cours d’une très classique école de photographie. Dans la capitale bavaroise, elle fréquente Zweig, Rilke ainsi que des figures révolutionnaires. Elle participe, en 1918, à la marche aboutissant à la République des conseils de Bavière et réalise un portrait de son leader Kurt Eisner, assassiné l’année suivante. En 1920, celle qui est surnommée « Chien fou » est expulsée de Bavière et part avec son compagnon à Moscou, où elle se retrouve brièvement emprisonnée pour « déviationnisme ». On la retrouve ensuite à Berlin, en France comme assistante de Sonia Delaunay, à Amsterdam avec Joris Ivens qu’elle épouse. Etablie à Paris vers 1926, elle multiplie les sujets et les genres de photos : entrelacs de métal, nus, illustrations de Nerval et de Simenon, clochards, automobiles, banlieues et quartiers ouvriers. Oscillant selon le genre entre la facture classique et le formalisme de l’époque : Elle vit de pubs à la réalisation sophistiquée et de reportages à long-terme pour divers magazines (Vu, Jazz, Variétés, L’Art Vivant...), que l’on retrouve en bon nombre dans l’exposition du Jeu de Paume. Elle publie aussi plusieurs livres-photos, alors une nouveauté. Elle quitte la France en 40 et s’engage pour la France libre. Reporter de guerre, elle participe au débarquement des Alliés en Provence, remontant jusqu’en Allemagne, puis en 46 part en Indochine. Elle va alors s’installer en Asie du Sud-Est pour le quasi restant de sa vie. Tout en travaillant, elle y continue la photographie, réalisant notamment un reportage sur le Tibétains exilés en Inde. Selon ses mots, « le vrai photographe, c’est le témoin de tous les jours, c’est le reporter ».

Germaine Krull. Un destin de photographe, du 2 juin au 27 septembre 2015, à la Galerie Nationale du Jeu de Paume, 1, place de la Concorde, 75008 Paris. Métro : Concorde.
Tarifs : de 7,50 à 10 euros
Horaires et jours ouverture : Mardi : 12h00-21h00 / mercredi-vendredi : 12h00-19h00 / samedi-dimanche : 10h00-19h00.
Tél. : 01 47 03 12 50.
Sur le Net : http://www.jeudepaume.org

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante