Grèce : une collision ferroviaire à l’origine de l’explosion sociale

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

Une catastrophe ferroviaire, conséquence d’années d’incurie dans les services publics, a entraîné grèves et manifestations pour réclamer le départ du Premier ministre.

Le 28 février, une catastrophe ferroviaire a endeuillé la Grèce, provoquant 57 morts et de nombreux blessés. Passée la stupeur des premières heures, et la démission immédiate du ministre des Transports, la population est descendue dans la rue, réclamant des comptes au gouvernement et le départ du Premier ministre Mitsotakis. Une grève générale a même été observée le 16 mars. Car au-delà de l’erreur technique qui a conduit ce jour-là à faire circuler un train de marchandises et un autre, de voyageurs, sur la même voie sur plusieurs dizaines de kilomètres, ce sont des années de détérioration des services publics et de plans d’économies que les Grecs accusent.

Depuis 2010, dans le cadre des mesures d’austérité imposées au pays par ses créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), la Grèce a dû réduire drastiquement son nombre de fonctionnaires. Plus de 180 000 emplois ont été perdus dans le secteur public, ce qui se traduit par des manques dans des services essentiels comme chez les pompiers, dans les hôpitaux, dans les écoles, rapporte dans Libération Yiorgos Vassalos, enseignant à l’Institut d’études politiques de Lille. La compagnie de gestion du réseau ferroviaire public n’emploie que 700 employés alors que selon les représentants du personnel et les syndicats, ils devraient être 2 500.

Un manque de formation criant

L’organisme régulateur des chemins de fer grecs avait aussi tiré la sonnette d’alarme avant l’accident de cet hiver. Dans son enquête sur la catastrophe dont les premiers résultats ont été publiés, il a signalé de sérieux manquements dans la formation des employés de l’organisme qui gère le réseau. Le chef de gare de la ville de Larissa, proche du lieu de l’accident, et mis en examen pour homicide involontaire par négligence, ainsi que certains de ses collègues, n’aurait ainsi pas disposé de la formation théorique et pratique complète.

En 2017, l’organisme public qui gérait les chemins de fer a été scindé en deux. Le transport des passagers et des marchandises a été vendu à l’Italien Ferrovie Dello Stato (Fs). La gestion du réseau – peu rentable – est demeurée dans le secteur public, où il n’a pas bénéficié des investissements nécessaires. La modernisation du système de sécurité des chemins de fer, qui avait été votée en 2014 et confiée au Français Alstom, ne serait toujours pas achevée.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

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