Grèce : 7 ans d’austérité et un peuple qui résiste encore

Europe par Evelyne Salamero

Grèce, grève générale du 17 mai 2017 (Athènes). © Nikolas Georgiou/ZUMA/REA

Le Parlement grec vient d’adopter à une courte majorité un nouveau paquet de mesures d’austérité proposé par le gouvernement Tsipras, dont une baisse des pensions de retraites, la quatorzième depuis 2010. Encore cette fois, l’appel à la grève générale lancé par les organisations syndicales a été massivement suivi.

L’Union européenne et le FMI imposent depuis sept ans à la Grèce une cure d’austérité mortifère comme condition sine qua non pour lui accorder des prêts, avec intérêts cela va sans dire. Résultat : le PIB du pays a reculé d’un quart et sa dette est passée de 115% de celui-ci en 2009 à 179% aujourd’hui. Avec une croissance zéro en 2016 et une contraction de 0,5% au premier trimestre 2017, la Grèce reste en récession. Et la Commission européenne a d’ores et déjà revu à la baisse ses prévisions pour l’ensemble de l’année en cours, de 2,7% à 2,1%.

La dernière loi d’austérité adoptée le 18 mai par 153 députés grecs sur 300 prévoit 4,9 milliards d’euros d’économies par de nouvelles coupes dans les retraites et des hausses d’impôts. Ces mesures ne s’appliqueront pas pendant le plan actuel qui court jusqu’en 2018, mais entre 2019 et 2021.

Certes, ce dernier plan prévoit aussi des aides sur les loyers et les médicaments pour les plus démunis. Mais cela n’a pas suffi à calmer les esprits.

« Bas les pattes de la sécurité sociale ! »

La veille du vote, alors que l’appel à la grève générale de Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE) et l’organisation syndicale du secteur public Adedy était très massivement suivi, des dizaines de milliers de grecs, travailleurs, jeunes et retraités, chômeurs, ont manifesté dans les deux plus importantes villes du pays, Athènes et Thessalonique.

Le lendemain encore, au moment même où le nouveau plan d’austérité était en train d’être voté par les députés, plus de 10 000 manifestaient à nouveau devant le parlement, dont de nombreux retraités scandant Bas les pattes de la sécurité sociale !.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI) a commenté la situation grecque en ces termes : La Grèce se trouve effectivement sous administration du FMI et des institutions européennes, qui lui ont imposé une politique désastreuse et dévastatrice sans jamais prendre la peine d’examiner les forces potentielles de l’économie du pays et figurer une sortie de crise constructive […] Alors que le gouvernement capitule devant ses créanciers, ouvrant la porte à une érosion encore plus profonde des droits des travailleurs, les syndicats représentent la seule voix effective et crédible pour un avenir positif pour la Grèce.

L’engrenage du surendettement

L’adoption du dernier paquet de mesures le 18 mai dernier est la condition posée par les créanciers pour le déblocage d’une tranche de sept milliards d’euros de prêts, indispensables à la Grèce pour rembourser le 20 juillet prochain quatre milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE) et deux milliards à des investisseurs privés.

Le FMI se félicite de ce dernier train de mesures mais -doutant désormais de la capacité de la Grèce à rembourser sa dette- refuse de mettre la main à la poche tant qu’un allègement de celle-ci n’aura pas été négocié avec les autres créanciers.

Ces derniers, à savoir les États membres de la zone euro, réunis le 22 mai, ne sont pas parvenus à ce jour à trouver un accord entre eux sur cet allégement, l’Allemagne s’y opposant fortement.

Ils ont annoncé avoir pour objectif d’y parvenir lors de leur prochaine réunion le 15 juin.

Notre pays en adoptant de nouvelles mesures au Parlement grec a totalement rempli ses obligations et à temps. Il n’y a plus d’excuses pour tergiverser encore sur la question de l’allègement de la dette, a déclaré le ministre grec des Finances Euclide Tsakalotos le 21 mai.

Devant le Parlement, le Premier ministre Alexis Tsipras avait trois jours plus tôt qualifié les mesures prise de difficiles tout en espérant qu’elles contribueront à la stabilité du pays et à la reprise et en soulignant : après sept ans de crise, nous espérons finalement avoir un accord global (avec les créanciers) qui comprendra les mesures d’allègement de la dette.

Mais là où le gouvernement grec veut voir le bout du tunnel, les travailleurs eux ne voient qu’un puits sans fond…

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

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