Grèce, déjà un septennat austère...

Revue de presse par Michel Pourcelot

Les ministres des finances de la zone euro se sont félicités après l’accord le 15 juin, à Luxembourg, sur le versement à la Grèce d’un nouveau prêt de 8,5 milliards d’euros. L’accueil de la presse est plus mitigé. Aperçus.

Courrier international
Tout cela n’est que mensonges. On parle d’allégement de dette, mais on la reporte à la fin de tutelle budgétaire. Autant dire aux calendes grecques. De même pour la participation du FMI, qui dépendra de la viabilité de la dette. Donc on tourne en rond. Finalement, les créanciers ont débloqué des fonds pour rassurer et passer un été tranquille. juge le journal de gauche Ta Nea, qui fustige l’accord.

Libération
L’engrenage de l’interminable crise grecque s’est enclenché dès 2004, avec un déficit public maquillé, et a empiré face à une zone euro devenue très intransigeante. Surtout certains. 23 avril 2010. Papandréou demande l’aide financière de ses partenaires. La Grèce n’a plus accès aux marchés financiers et est donc menacée d’un défaut de paiement si elle ne trouve pas 10 milliards avant le 19 mai. Sur les marchés, c’est la débandade. Mais surtout les élections allemandes de septembre 2009 ont accouché d’une coalition entre la CDU et les libéraux du FDP, opposée à toute solidarité financière entre États. Les réticences de Berlin vont précipiter la crise. Mai 2010. Le monde entier panique Barack Obama appelle même Angela Merkel pour qu’elle assouplisse sa position. In fine, les ministres des Finances de la zone euro décident, le 2 mai, d’accorder 80 milliards d’euros à la Grèce sur trois ans, sous forme de prêts bilatéraux… Mais à des taux punitifs, auxquels s’ajoutent 30 milliards d’euros prêtés par le FMI.

Les Échos
Et voici que, une fois de plus, Athènes est pris au piège du calendrier électoral allemand : entrer dans le détail d’une réduction de la dette grecque est un tabou à quelques mois des élections législatives outre-Rhin. La perspective esquissée était donc celle d’un accord intermédiaire. Par celui-ci, a assuré Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, les créanciers feraient preuve de davantage de clarté concernant le calibrage du futur allègement de dette. Le texte permettrait au FMI de promettre de rester à bord du programme, tout en reportant à plus tard un engagement financier ferme. Le temps pour l’Allemagne de voter. Fût-ce au prix d’une asphyxie financière prolongée de la Grèce. Qui bat tragiquement des records d’apnée.

Le Monde
Au total, déjà un septennat sous le règne d’Austère 1er. Qui stérilise littéralement le pays : En Grèce, d’après Médecins du monde, près d’une femme sur quatre née dans les années 1970 n’a pas d’enfant. Et le nombre de naissances n’a cessé de baisser depuis le début de la crise selon Elstat, l’Autorité grecque des statistiques : de 114 766 en 2010, elles ne s’élevaient plus qu’à 94 134 en 2013 et à 91 847 en 2015.La population grecque diminue. Elle est passée de 11,1 millions en 2011 à 10,8 millions de personnes en 2016.

Généthique
Par contre, les ovocytes ne sont pas perdus pour tout le monde : La crise économique qui sévit en Grèce pousse de plus en plus de femmes à vendre leurs ovocytes ou à devenir mères porteuses. Dans ce pays, l’offre d’ovocytes est telle que beaucoup de laboratoires sont contraints de les exporter dans d’autres pays européens pour ne pas les perdre. [...] Officiellement, les donneuses agissent par altruisme, mais en réalité, la plupart ont une motivation économique : en 2012, 40% des donneuses ont reconnu qu’elles donnaient leurs ovocytes pour des raisons économiques.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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