Grégory Chevalier, militant solidaire

InFO militante par Elie Hiesse

Chef d’équipe à l’atelier centrifugation chez Manoir Industries à Pîtres (Eure), Grégory Chevalier est délégué syndical FO depuis 2018. Ce métallo s’investit au quotidien pour améliorer les conditions d’emploi et de travail des salariés. En quatre ans, il a multiplié par sept le nombre d’adhérents.

D ans ses activités syndicales, Grégory Chevalier, 47 ans, ne s’accorde aucun répit. Alors qu’il a quitté son poste à 4h30 ce matin d’octobre, il est de retour à 9h sur le site de Manoir Industries à Pîtres, près de Rouen, pour assister un camarade à la RH. Rien d’exceptionnel à l’entendre. Tout juste concède-t-il qu’il court tout le temps. La rançon du succès, porté par son talent à fédérer. Depuis que ce chef d’équipe à l’atelier centrifugation – l’un des plus difficiles en termes de conditions de travail – a été élu délégué syndical FO fin 2018, le nombre d’adhérents a été multiplié par sept, à trente-cinq. Cela représente 10 % des CDI. Sans compter les sympathisants, nombreux parmi les intérimaires. Avec cette équipe, le quadra a bon espoir de faire de FO, en décembre, le premier syndicat du site spécialisé dans les aciers spéciaux et les alliages complexes pour la pétrochimie et le nucléaire.

Huit mois de redressement judiciaire

Grégory Chevalier n’avait pas prévu de devenir délégué syndical (DS). Quand son prédécesseur annonce ne pas se représenter en 2018, ce militant de la première heure à FO – choisie pour son indépendance – prend ses responsabilités. Il a pris sa carte d’adhésion vingt ans plus tôt, en 1998, dans la foulée de son embauche après trois ans d’intérim. Je suis arrivé comme cariste et ne suis plus reparti, commente ce natif de Rouen, qui a débuté dans la pâtisserie et bifurqué, à 20 ans, contraint par un licenciement. Il se lance dans les élections sans rien savoir. Mais avec le soutien de l’UD et sa connaissance de l’entreprise, où l’on travaille en famille. Frères, fils, belle-sœur…ils sont sept Chevalier sur le site. Je connais tout le monde et je parle avec tous, précise le militant.

Depuis, il construit le syndicat avec deux maîtres mots : écoute et transparence. Au CSE, FO a remis à plat la gestion des activités culturelles.

Le syndicat s’est démarqué en 2021, quand Manoir Industries a été placé en redressement judiciaire, son actionnaire (le fonds hongkongais CAP SPC) ayant épuisé la trésorerie. Huit mois marqués par une seule offre de reprise partielle, jusqu’à ce que CAP SPC annonce un plan de continuation. Une période dure : on connaissait les postes potentiellement supprimés, résume Grégory Chevalier. Anticipant les difficultés financières des salariés, il mobilise commerçants et agriculteurs, lesquels livreront gratuitement des tonnes de légumes au CSE.

En septembre, le DS FO a encore été moteur, quand les ateliers ont débrayé face au choix de la direction d’augmenter les salaires des seuls postes jugés critiques (soudeurs). Après cinq jours, FO a arraché 800 euros de prime pour tous, un budget minimum de 3 % pour les NAO 2023 et, pour les salariés n’ayant pas eu 150 euros d’augmentation en 2022, une hausse du taux horaire de 56 centimes. Autre acquis : la correction des inégalités salariales, à poste équivalent. Ça pèsera aux élections de décembre, pronostique Grégory Chevalier, qui a rejoint en 2021 la commission exécutive de l’UD de l’Eure.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante