Grève gagnante des éboueurs de Castres-Mazamet

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Article publié dans l’action Élections dans la Fonction publique

Les éboueurs de l’agglomération de Castres-Mazamet sont toujours en grève, 3 semaines après le début du mouvement.

95% des personnels du service, titulaires ou contractuels en CDD, ont répondu à l’appel de FO, syndicat majoritaire et ne désarment pas. La cinquantaine d’agents revendique une revalorisation de 50€ par mois pour tous et une amélioration de leurs conditions de travail.

Si des ouvertures ont été faites lors des premières négociations avec le président de l’agglomération concernant, en particulier concernant le matériel, aucune avancée n’était à noter en ce qui concerne les rémunérations. C’était pourtant l’un des sujets majeurs de la mobilisation. Revendiquer 50€ d’augmentation pour tous, titulaires et contractuels, pour des agents qui touchent 1240€ par mois ne m’apparaît pas anormal, bien au contraire ! indique Richard Santamaria, représentant FO. « On est tous motivés et déterminés. Il n’est pas question de lâcher, même après 3 semaines de grève. Aucun d’entre nous ne le veut, même si c’est dur. »

Les éboueurs étaient en effet déterminés. Ils bénéficient d’un soutien de la population qui, malgré l’amoncellement des ordures dans certaines parties de la ville, n’hésite pas à leur apporter un soutien aussi financier. Certains nous font des chèques en nous disant de tenir bon et de continuer. Ca fait du bien, c’est certain. Ce soutien, tant moral que pécuniaire, mais aussi la situation difficile des grévistes dans un conflit aussi long leur a donné l’idée d’ouvrir une cagnotte Litchi. On fait appel à la solidarité de tous, et on espère qu’elle sera entendue par les camarades de FO de partout en France. Car on va avoir des fiches de paye à zéro. On a déjà des petits salaires. Mais maintenant qu’on a relevé la tête, ce n’est pas pour lâcher si vite, même malgré les pressions ! Si certains veulent jouer la carte de l’épuisement, nous on est déterminés.

Un avis partagé par l’ensemble des agents qui se sont réunis en assemblée générale chaque jour tout le long du conflit et qui venaient de reconduire la grève jusqu’au 9 mai, portés aussi par un fort sentiment de non-considération. Pourtant, nous sommes en première ligne malgré des conditions de travail qui se dégradent. Une des revendications des agents de la collecte est d’obtenir une meilleure organisation du service. Il n’y a pas de logique dans les tournées, explique Serge Sobreira. Et même les GPS s’y perdent. Les agents mettent aussi en cause les bennes automatiques achetées par l’agglomération pour faire des économies au plan des effectifs. Plus besoin de deux ripeurs à l’arrière. Le chauffeur peut vider lui-même les containers dans la benne en actionnant un bras articulé à l’aide d’un joystick. Dans les faits, ces camions ultra-modernes occasionnent souvent perte de temps et désorganisation. Ces engins sont bourrés de capteurs et d’électronique qui tombent toujours en panne, explique le militant FO. Derrière, il faut parfois deux tournées pour rattraper les dégâts, lorsque les poubelles se renversent.

Déjà en 2016, nous avions initié un questionnaire sur les risques psycho-sociaux. Le retour avait été édifiant : pas d’écoute, du mépris, aucune empathie. indique Serge Sobreira, responsable FO du Groupement départemental FO 81 qui soutient les agents en grève. Selon lui, si le conflit s’est très bien passé c’est parce qu’il y avait une vraie envie de gagner ce conflit. Dans le Tran, une grève comme ça, c’est du jamais vu. Ca montre bien qu’il y a un vrai problème. La désorganisation du service pèse sur les agents qui ont vrai mal-être. Il pointe du doigt aussi un autre souci. Le nombre de contractuels croît. Ils sont aujourd’hui 40% de l’effectif. Et ce bien avant la loi de transformation de la Fonction publique, puisque certains agents non titulaires sont là depuis plusieurs années, 6, 7 ans pour certains. Un des agents est là depuis 10 ans avec 21 avenants. Notre revendication est aussi une titularisation de ces personnels précaires qui ne peuvent pas, tant qu’ils restent contractuels investir sur l’avenir, acheter une maison, etc.

C’est dans ce contexte qu’une délégation a été reçue le 6 mai à 14H. C’était déjà un premier pas pour Serge Sobreira. Le président de l’agglomération et maire de Castes, Pascal Bugis, avait refusé de recevoir une délégation FO encore récemment. Il voulait discuter directement avec les agents. Pourtant, c’est FO qui a déposé le préavis de grève, à la demande des agents. Les représenter, c’est le rôle du syndicat.

Le dialogue social enfin réinstallé a permis de mettre fin au conflit, le président de l’agglomération ayant finalement accepté de signer le relevé de conclusion qui sera présenté au prochain conseil communautaire du mois de juin. Pour Serge Sobreira, cette grève fut exemplaire en plusieurs points : Le comportement des grévistes sans aucun débordement, malgré le blocage des différents sites, mais aussi la préfecture qui, à aucun moment, ne nous a envoyé les forces de l’ordre et une bonne communication du Groupement Départemental FO des Services Publics du Tarn. Tout cela a permis de tenir et de faire aboutir les revendications. En ces temps si difficiles, ils ont osé et montré que c’est possible …

Pour soutenir les grévistes, une cagnotte a été ouverte :

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