Grève historique des éboueurs de Castres

InFO militante par Clarisse Josselin

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Depuis le 19 avril, les éboueurs de la communauté d’agglomération de Castres-Mazamet (Tarn) sont en grève à l’appel du syndicat FO, majoritaire. Ils exigent notamment une réorganisation de leur service, une amélioration du régime indemnitaire et un meilleur déroulement de carrière.

Le 19 avril, les éboueurs de la communauté d’agglomération de Castres-Mazamet ont entamé la première grève de leur histoire. Du jamais vu depuis la création de l’agglomération en 1999. Ils ont saisi le syndicat FO, majoritaire, qui a déposé un préavis d’une semaine reconductible. Le mouvement est suivi par 95% des agents titulaires, qui sont une quarantaine pour une vingtaine de contractuels.

Les bennes restent au garage et les grévistes bloquent un dépôt technique près d’un rond-point très fréquenté, à l’entrée d’une zone industrielle de Castres. Même si l’agglo fait tourner quelques camions avec des contractuels pour le ramassage en centre-ville, ça déborde déjà de partout, remarque Serge Sobreira, secrétaire général du syndicat FO territoriaux du Tarn, qui a rejoint le piquet de grève dès 4 heures du matin ce 20 avril. Sur son site internet, l’agglomération demande d’ailleurs aux habitants, dans la mesure du possible, de conserver leurs déchets à leur domicile.

Bennes automatiques souvent en panne

La première revendication des agents de la collecte est d’obtenir une meilleure organisation du service. Il n’y a pas de logique dans les tournées, explique Serge Sobreira. Et même les GPS s’y perdent. Les agents mettent aussi en cause les bennes automatiques achetées par l’agglomération pour faire des économies au plan des effectifs. Plus besoin de deux ripeurs à l’arrière. Le chauffeur peut vider lui-même les containers dans la benne en actionnant un bras articulé à l’aide d’un joystick. Dans les faits, ces camions ultra-modernes occasionnent souvent perte de temps et désorganisation. Ces engins sont bourrés de capteurs et d’électronique qui tombent toujours en panne, explique le militant FO. Derrière, il faut parfois deux tournées pour rattraper les dégâts, lorsque les poubelles se renversent.

Autre revendication, l’amélioration du régime indemnitaire et un meilleur déroulé de carrière. Selon le syndicat FO, les agents de la collecte d’ordures progressent en moyenne d’un grade tous les 15 ans, et cela pour ne percevoir parfois que 25 euros de plus par mois. Ils déplorent un manque de reconnaissance et de bienveillance, certains me disent qu’ils se sentent moins valorisés que les ordures qu’ils transportent, ajoute Serge Sobreira. Les grévistes demandent aussi la titularisation de la vingtaine de contractuels, qui représentent un tiers des effectifs de la collecte.

Entrave syndicale

En matière de santé, les agents souhaitent une meilleure participation de l’employeur à la mutuelle et à la prévoyance, d’autant que la profession est particulièrement exposée aux risques sanitaires. FO revendique aussi une intervention de la médecine du travail pour réaliser un audit sur les risques psychosociaux. Il y a beaucoup d’arrêt maladie, de fatigue physique et morale, ajoute Serge Sobreira. L’agglomération veut lancer son propre audit, mais nous craignons que les conclusions n’aillent dans son sens.

Le syndicat FO est toujours dans l’attente de l’ouverture de négociations avec le président de la communauté d’agglomération qui est aussi le maire de Castres, Pascal Bugis. Une délégation FO est allée à sa rencontre hier, mais il n’a pas voulu nous recevoir, il ne veut parler qu’avec les agents, dénonce Serge Sobreira. Pourtant c’est FO qui a déposé le préavis de grève, à la demande des agents. Pour nous c’est clairement une entrave syndicale. On part pour un mouvement long.

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Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante