Grève historique pour les salaires dans les laboratoires Biogroup à l’appel de FO

Les articles de L’InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

Les salariés des soixante-dix laboratoires de biologie médicale Biogroup de Lorraine sont en grève depuis le 13 mai à l’appel notamment de FO, syndicat largement majoritaire. La principale revendication concerne les salaires, alors qu’aucune augmentation générale ne leur a été accordée depuis cinq ans. Les négociations, compliquées, devraient reprendre le 21 mai.

Ras la pipette de n’avoir que des miettes … C’est avec des slogans inspirés, dans une ambiance joyeuse mais déterminée, émaillée de danses et de chants, que les salariés des laboratoires de biologie médicale Biogroup de Lorraine font grève depuis le 13 mai à l’appel de deux syndicats dont FO, largement majoritaire.

La mobilisation, inédite, concerne 780 salariés répartis sur cinq départements. Les deux premiers jours, elle a été suivie par 80% des personnels, réunis sur six piquets de grève (Metz, Thionville, Saint-Dié, Verdun, ...). Le 15 mai, où la mobilisation était toujours massive, et quelques 200 manifestants se sont rassemblés devant le siège régional du groupe, à Metz. Ce 16 mai, la grève se poursuivait pour le quatrième jour consécutif.

FO Moselle

La première revendication des salariés porte sur une hausse conséquente des salaires, pour compenser la forte inflation des dernières années. Depuis que les laboratoires ont été rachetés par Biogroup il y a cinq ans, nous n’avons eu aucune augmentation générale ni d’accord sur les salaires lors des NAO, dénonce Valentine Costa, déléguée FO.

A titre d’exemple, l’an dernier, les négociations salariales ont abouti à une décision unilatérale de l’employeur portant sur une augmentation individuelle de 1.5%, accordée à seulement 200 des 780 salariés. Depuis le changement d’employeur, les salariés ont aussi perdu leur treizième mois et divers avantages, comme la prise en charge à 100% de la mutuelle.

60 millions d’euros de bénéfices durant la crise sanitaire

Les dernières NAO se sont achevées en décembre dernier par un nouveau désaccord. La seule mesure générale dont ont bénéficié les salariés est une prime de partage de la valeur de 500 euros. Les salariés étaient déjà remontés à bloc. Le coup de massue a été donné avec le montant de la participation, divisé par quatre par rapport à l’année précédente. C’est alors que l’appel à la grève a été lancé, explique la militante.

Les manifestants, qui revendiquent également l’instauration d’un treizième mois, sont d’autant plus remontés qu’ils estiment que leur forte implication durant la crise sanitaire n’a pas été récompensée à la hauteur de leur engagement. Les primes dont ils ont bénéficié à l’époque sont désormais arrêtées. Par contre, le covid a permis au groupe d’engranger, en trois ans, 60 millions d’euros de bénéfices qui ont été intégralement reversés aux actionnaires sous forme de dividendes, dénonce Valentine Costa. Certes, la participation versée aux salariés a été conséquente. Mais son versement est une obligation légale, elle ne représente pas un effort salarial de la part de l’entreprise, poursuit-elle.

Une récente expertise des comptes, lancée par les syndicats, a démontré la bonne santé financière du groupe, qui possède plus de 900 laboratoires sur le territoire national. La dirigeante de Biogroup, Isabelle Eimer, a d’ailleurs été classée par le magazine Challenges à la 264e place des plus grandes fortunes françaises en 2023, avec 500 millions d’euros d’actifs professionnels.

Conditions de travail dégradées

Les grévistes dénoncent aussi une dégradation des conditions de travail, due notamment à des départs en retraite non remplacés. Selon Valentine Costa, le climat au sein du groupe a changé depuis le décès brutal de l’ancien P-DG, en juin 2022. Sa femme a repris les rênes de l’entreprise, mais nous ne l’avons jamais rencontrée. En six mois elle avait limogé toute l’équipe dirigeante et mené des économies drastiques dans tous les sens, poursuit-elle.

Les négociations sont extrêmement difficiles. Après une troisième journée de grève massive, les syndicats avaient accepté de suspendre temporairement le mouvement pour faciliter la négociation. Malgré cette concession, la direction générale du groupe a confirmé son refus de toute négociation. Les syndicats et les salariés ont donc décidé de reconduire la grève jeudi 16 mai, explique l’union départementale FO de Moselle dans un communiqué. Elle condamne l’obstination et l’intransigeance de la direction générale et apporte son soutien à l’ensemble des personnels dont elle salue le courage et la détermination. Les grévistes bénéficient également du soutien de la fédération FO-Pharma.

La prochaine réunion, initialement programmée pour le 16 mai, a été reportée au 21 mai. La suite de la mobilisation, qui pourrait prendre de nouvelles formes, devait être décidée dans la soirée du 16 mai.

FO Moselle

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération