L’incompréhension d’une proposition d’1,5 euro est d’autant plus forte pour les salariés, dont 40% sont Smicards, que le chiffre d’affaires de VPK est en forte hausse continue. Il est en effet passé de 522 millions en 2009, à 1,5 milliard d’’euros en 2019. VPK est un groupe belge d’emballage, à la stature internationale : 65 usines dans 20 pays. En France, VPK emploie 1250 salariés répartis sur 12 sites. Il a racheté Ondulys en 1998, dans le cadre d’une campagne d’expansion.
Ainsi, 80 salariés, sur les 120 que compte l’entreprise, ont donc décidé de se mettre en grève, à l’appel notamment de FO, dans un climat tendu, en interne de l’entreprise, qui n’a pas contribué à trouver une résolution plus rapide du conflit.
L’Union Départementale FO de l’Essonne, qui soutenait la mobilisation, a indiqué, par communiqué, souhaiter que les prochaines négociations se passent dans la sérénité et ne pas accepter de pression ou de menace sur les représentants, engagés pour la défense des intérêts des salariés.
La ténacité des salariés, constitués en assemblée générale et en comités de grève, et le pragmatisme des militants FO ont toutefois pu débloquer les négociations. La direction VPK France a en effet dépêché une délégation pour la représenter.
Jeudi 14 avril, la grève a été suspendue suite à une proposition de réouverture des discussions. La veille, l’inspection du travail, alertée par l’Union départementale FO, était intervenue dans l’entreprise. Les négociations ont donc repris sur deux jours, les lundi 19 et mardi 20 avril. Pour Mohamed, les choses ont été claires dès le début : nous n’allions pas prendre de décision seuls. C’était aux salariés de décider des suites à donner aux propositions de la direction. Nous sommes donc allés les leur présenter.
Les salariés, qui avaient débrayés une heure ce jour-là, ont accepté l’augmentation de 25€ brut pour tous les salariés non-cadres, l’augmentation de 0,2% de la masse salariale par une réévaluation de la grille des minimas en vigueur dans l’entreprise et pour la population administrative, (soit 544€ pour le bas de la grille), l’augmentation de 2€ de la prime panier et des augmentations individuelles pour les cadres.
Pour Mohamed Barbour : la voie de la négociation reste la bonne méthode et les interlocuteurs sociaux l’ont démontré. Mais le rapport de force a surtout joué
. Toutefois, les élus au CSE ont demandé, pour la prochaine réunion de l’instance, l’inscription de la désignation d’un expert pour les comptes. « La direction nous indique qu’on perd de l’argent. On ne croit pas à ces arguments alors que le groupe investit à tour de bras à l’international en rachetant d’autres entités. On veut voir les comptes. »
Deux négociations restent encore à mener, l’une concerne l’augmentation de 150€ sur l’intéressement, l’autre, la mise en oeuvre de pauses tournantes.
Mohamed est heureux du travail effectué, malgré les fortes pressions. « C’est un vrai travail collectif et de terrain qui a été fait. Il faut que les salariés se sentent en confiance avec les représentants syndicaux. Nous sommes là pour les défendre. Le syndicat, ce sont des actes, pas des paroles. » Le pari semble gagné pour un syndicat créé il y a à peine 3 ans.
Le militant regrette toutefois que beaucoup ne puissent pas faire grève par peur de perdre du salaire. « Quand tu gagnes le Smic, perdre un jour de salaire, c’est important. Il faut qu’on ait, à FO, une vraie réflexion sur la caisse de grève. C’est comme ça qu’on pourra aussi donner confiance. »