Grèves dans les raffineries : Nous nous sommes heurtés à un mur

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

© Jean Nicholas GUILLO/REA

Six des sept raffineries françaises en grève, entre trois et quatre semaines chacune, pour revendiquer une augmentation salariale compensant l’inflation et cohérente avec les bénéfices records de 2022. Le « mouvement des raffineries », intervenu entre le 20 septembre et le 27 octobre, est inédit par sa durée et son ampleur. Il témoigne de la détermination des travailleurs à obtenir leur dû, et des difficultés des multinationales à envisager un partage des profits exceptionnels. Chez Esso-ExxonMobil, la grève a débuté le 20 septembre, sitôt la proposition de la direction connue pour les NAO 2023 : 4 % d’augmentation générale, 1,5 % d’augmentations individuelles. Insuffisant pour compenser l’inflation 2022-2023, résume Pierre-Antoine Auger, DSC pour FO. Dans ce contexte, la proposition d’une prime défiscalisée de 3 000 euros a mis le feu aux poudres. Les salariés espéraient le double, vu les résultats 2022, dit-il. Au premier semestre 2022, le bénéfice net du groupe Esso SAF a été de 409 millions d’euros.

Intransigeance d’Esso-ExxonMobil et de TotalEnergies

En dépit de trois semaines de grève, le groupe n’a pas revu le montant de l’enveloppe salariale (+ 5,5 %). Il a consenti à modifier sa répartition, pour porter à 5 % l’augmentation générale, et a ajouté une prime transports. Nous nous sommes heurtés à un mur, constate le DSC FO qui exigeait 7,5 % d’augmentation générale.

Même intransigeance chez TotalEnergies. Il a fallu attendre le dix-septième jour de grève dans ses quatre raffineries, que l’exécutif fasse pression, pour que le groupe avance son calendrier de négociations ! Depuis mars, FO alertait sur la nécessité de rouvrir les NAO 2022, qui avaient accordé 2,5 % d’augmentation générale à 80 % du personnel, précise Jean-François Vapillon, secrétaire fédéral à FO-Fédéchimie. La réouverture n’a jamais eu lieu. Dans la nuit du 13 au 14 octobre, suivant les déclarations du ministre de l’Économie Bruno Le Maire (TotalEnergies a la capacité, donc le devoir, d’augmenter les salaires), le groupe a signé un accord pour 2024, accordant 5 % d’augmentation générale et une prime défiscalisée d’un mois de salaire. FO réclamait 10 %. Le bénéfice net du groupe a atteint 10,2 milliards de dollars au premier semestre 2022.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération