Groupe Keolis : à Auch (Gers), les salariés se préparent à une seconde grève

InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

© Eric TSCHAEN/REA

Après avoir mené une première grève du 19 au 31 janvier, les salariés de la plus petite filiale de France du groupe Keolis, située à Auch (32), n’ont pas obtenu satisfaction sur leurs revendications. Très déterminés, ils s’apprêtent à reconduire la grève qui pourrait durer 40 jours.

Le conflit s’intensifie chez Keolis Auch. Les conducteurs de bus de la société de transports urbains sont lancés dans un bras de fer avec leur direction. Alors que la société Keolis a remporté le marché de l’agglomération de la ville en janvier 2022 et ce pour une durée de 8 ans, les conducteurs ont eu la désagréable surprise de constater que les horaires et les trajets avaient été changés.

Des changements d’horaires sans aucune concertation, jugés irréalisables et même dangereux par les conducteurs de bus, comme le résume Didier Le Ralle, DS FO. Un trajet que nous faisions en 25 minutes en décembre dernier est passé à 15 minutes, avec le même nombre d’arrêts... nous accumulons du retard et prenons des risques pour respecter ces horaires. Ce stress supplémentaire, couplé à des conditions de travail déjà difficiles et des salaires faibles, avait poussé les salariés à appeler à une première grève du 19 au 31 janvier.

Impossible de réaliser certains trajets dans les temps impartis

Mais le cœur du problème, les horaires des trajets, n’a pas été abordé et aucun protocole de sortie de conflit n’a été signé e. Jeudi 21 janvier, les salariés, soutenus par l’UD FO du Gers, avaient fait procéder à un constat par huissier de l’impossibilité de réaliser certains trajets dans les temps impartis par Keolis, bien que ces horaires soient inscrits sur les guides horaires validés par l’Agglomération.

D’autre part il persiste un litige autour d’un accord signé en septembre 2021 avec la direction de Keolis Auch, permettant à cette dernière de mandater un salarié pour effectuer un contrôle administratif chez un salarié en arrêt maladie. FO exige qu’il soit été annulé et qu’un nouvel accord soit négocié.

Laisser le temps à la négociation

Nous souhaitons avant tout que Keolis reconnaisse que ces horaires sont impossibles à réaliser pour nous, souligne le DS. Des modifications ont été apportées sur une seule ligne, ce qui est totalement insuffisant, c’est pourquoi nous avons déposé une nouvelle notification de grève. Keolis de son côté affirme attendre des négociations avec l’agglomération d’Auch, qui est le donneur d’ordre dans le contrat.

La nouvelle grève, était prévue pour le 9 mars, mais les négociations salariales (NAO) viennent de débuter, ce qui modifie la situation. La grève ne sera pas lancée avant le 21 mars, poursuit le militant. Jusqu’à cette date, ce sera une grève passive. Nous maintenons la pression sur la direction mais laissons le temps à la négociation. Et cela montre notre bonne foi. Toutefois si rien ne bouge d’ici là, la grève pourrait durer jusqu’à 40 jours à partir du 21.

La Stratégie de division

Et les salariés sont extrêmement déterminés. Cette fois, nous ne ferons pas tout pour arranger les usagers et l’agglomération. Nous voulons marquer le coup. Il existe dans l’entreprise une politique visant à diviser les salariés, et chaque année lors des NAO, la direction applique une stratégie cherchant à diviser syndicats.

Deux réunions de NAO sont déjà prévues les 15 et 29 mars. Les salariés demandent une augmentation de salaire digne de ce nom. Actuellement nous percevons entre le Smic et 1 730 euros bruts par mois, nous exigeons une revalorisation de 15%, afin de nous aligner sur les salaires de nos collègues de Keolis Bayonne, qui sont à 1890 euros bruts.

Les usagers eux aussi en colère

D’autres revendications se sont également ajoutées à la liste. Car depuis la première grève, les conducteurs s’échinent à respecter les nouveaux horaires qui leur sont imposés, avec grande difficulté. Nous payons les conséquences, déplore Didier Le Ralle. Les usagers sont évidemment en colère puisque nous n’arrivons pas à tenir les horaires qui sont annoncés, donc nous subissons une double pression. Nous nous faisons agresser verbalement en permanence, c’est intenable. Nous dénonçons ainsi les risques psychosociaux directement liés à ces nouveaux horaires.

Sans compter que le conflit s’est envenimé. En effet, lors de la première grève, une intérimaire avait exercé son droit de retrait et soutenu la grève, même si son statut ne lui permettait pas de se mettre aisément en grève. En signe de soutien, elle avait rédigé une lettre à la direction de Keolis. En sa qualité de formatrice FCO (Formation Continue Obligatoire) poids-lourd et également monitrice d’auto-école, elle avait souligné les manquements de l’entreprise face à la législation du code de la route et des dangers encourus par les conducteurs en regard des nouveaux horaires de bus.

Faire stopper les discriminations envers les grévistes

Après cet épisode, l’entreprise ne l’a plus sollicitée. Les salariés exigent donc sa réintégration immédiate, ainsi que trois embauches sous CDI, ce qui était déjà dans la liste de revendications de la première grève). Les salariés demandent également que les journées de grève des 19, 20 et 21 janvier soient indemnisées par Keolis. Enfin, ils appellent la direction à stopper les discriminations et sanctions injustes à l’égard des grévistes et des militants FO.

Au-delà de ce du conflit actuel, le délégué FO demande que cesse l’absence générale de concertation chez Keolis France et qu’enfin s’ouvre la voie du dialogue social dans le Groupe. On nous impose les choses, il n’y a jamais de coopération. C’est pourquoi Didier Le Ralle et l’UD FO du Gers appellent tous les salariés Keolis de France, à faire remonter les problèmes qu’ils rencontrent, que ce soit sur le plan des conditions de travail, l’absence de négociations ou tout autre préoccupation. Les salariés peuvent écrire à cette adresse : udfogers@gmail.com

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus