Happychic : 466 suppressions de postes qui révoltent les salariés

Commerce par Valérie Forgeront

Le groupe de prêt à porter Happychic appartenant à l’association familiale Mulliez (Auchan…) a annoncé à la mi-juillet une restructuration par fusion de ses enseignes. L’annonce porte aussi la suppression de 466 postes en France, la fermeture de quatre-vingt-huit magasins sans compter celle d’un entrepôt et la suppression de dizaines de postes au siège de Roubaix. Les salariés sont sous le choc et en colère. FO-Happychic fait part de son sentiment de révolte.

L’annonce est tombée en forme de couperet le 17 juillet dernier lors d’un comité d’entreprise extraordinaire qui se tenait à Roubaix (Nord) au siège du groupe Happychic. Ce groupe (740 magasins dans 170 pays) appartient à la sphère de la famille Mulliez (une des premières fortunes de France et qui détient Auchan, Leroy Merlin, Décathlon…). Happychic spécialisé du prêt à porter masculin prévoit de supprimer 466 postes de travail (ce qui représente près de 18% des effectifs en France) et de fermer quatre-vingt-huit magasins d’ici 2020 à 2021.

Il s’agirait selon la direction de procéder à une transformation de l’entreprise pour renouer avec la compétitivité sur le marché très concurrentiel du prêt à porter masculin. La direction explique ce massacre des emplois et des sites par la nécessité d’une vaste restructuration et le plan annoncé ne constituerait pour l’instant que de premières pistes de réflexion.

La direction d’Happychic annonce ainsi déjà la fermeture de quarante-huit magasins de l’enseigne Brice, de trente magasins de la marque Jules, de dix magasins Bizzbee. Ces fermetures entraîneraient la suppression de centaines d’emplois et les premiers départs pourraient intervenir dès le début 2019.

Un sentiment de révolte

Happychic programme aussi de fermer d’ici avril l’entrepôt du Mans qui compte quarante-quatre emplois. Quant au siège de Roubaix, il se verrait amputer de quatre-vingt-huit postes de travail soit 20% à 25% de l’effectif du site, fulmine la section Commerce et VRP FO de la Fédération FO des Employés et Cadres (FEC-FO). Happychic programme d’ici la fin juin 2019 une fusion entre ses entités Brice, Jules, Happychic Services, Happychic production et Happychic store.

Craignant depuis plusieurs mois l’annonce d’un plan social, les salariés des différentes enseignes se sont mobilisés. Les salariés FO notamment. Rassemblement devant le siège de à Roubaix le 19 juin, grève du personnel de l’entrepôt Brice au Mans le 25 juin, blocage de l’entrepôt Jules de Wattrelos près de Roubaix au début juillet… Les personnels d’Happychic (salariés des magasins, de la logistique, du siège…) qui envisagent de nouvelles actions rejettent bien sûr les plans du groupe, lequel a bénéficié qui plus est de l’aide de l’État : cinq millions d’euros par exemple au titre du crédit d’impôt CICE soulignent les syndicats.

Ainsi, la déléguée syndicale FO d’Happychic, Nadia Ferrante, exprime son sentiment de révolte face à ce plan de suppressions d’emplois. Elle fustige les choix stratégiques erronés pris par le groupe pendant des années. Nadia Ferrante qui a alerté les salariés sur les projets de la Direction depuis des mois doit faire face régulièrement aux pressions de la part de sa direction (intimidations, sanctions…) s’insurge la FEC-FO. La fédération salue le courage de l’ensemble de la section et la soutient face aux attaques et dans ses actions pour sauver les emplois chez Happychic.

Quand la ministre du Travail raille ces « métiers du passé »…

Si 466 emplois minimum risquent d’être supprimés s’indigne FO, cette colère ne semble pas atteindre la ministre du Travail laquelle déclarait, impassible, le 18 juillet qu’on ne peut pas garder les métiers du passé ou encore qu’on ne peut pas garder la bougie quand l’électricité arrive.

Pour Mme Muriel Pénicaud, il faut accompagner les travailleurs dans les métiers du futur, que tout le monde puisse aller dans l’ère de l’électricité, ou l’ère de l’Internet […]. Il faut un investissement massif pour que chacun ait la capacité d’avoir des compétences. Les salariés d’Happychic dont la plupart affichent des années d’ancienneté professionnelle –par conséquent de compétences– mais qui sont néanmoins menacés dans leurs emplois apprécieront les propos.

Sale temps pour les emplois chez Mulliez

La ministre semble accorder de la pertinence à la restructuration d’Happychic, concrètement à un plan social. Selon Mme Pénicaud, le développement de l’e-commerce, c’est moins de magasins mais plus de logistique et de transport. Les salariés d’Happychic (groupe qui réalise 720 millions de chiffre d’affaires) font une autre analyse de la situation. Les pratiques mises en œuvre par la direction et le cabinet Prosphères répondent à une logique de réduction des coûts afin d’augmenter exclusivement les dividendes des actionnaires, les salariés étant considérés comme une variable d’ajustement pour une meilleure rentabilité.

Pour concocter ce plan, la Direction a fait appel au cabinet Prosphères, lequel rappelle FO est tristement connu pour avoir participé aux plans sociaux de Tati, Grain de malice et récemment Pimkie. Ces deux dernières enseignes qui appartiennent elles aussi à la sphère Mulliez ont subi de lourdes pertes de leurs effectifs depuis 2017.

Ainsi 177 emplois ont été supprimés chez Grain de Malice. Chez Pimkie, une restructuration via un plan de départ volontaire (contesté dans ses modalités par FO notamment) concerne actuellement 208 emplois selon la direction, plutôt près de 300 emplois rectifient les syndicats dont FO. Chez Happychic, la négociation d’un PSE devrait a priori s’ouvrir fin août. Des licenciements sont redoutés.

 

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Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante