Pauses repas à la trappe, journées à rallonge, vacances amputées : le phénomène est massif au Royaume-Uni. Suffisamment pour qu’on se demande s’il ne doit pas être pris en compte dans le calcul du salaire moyen Outre-manche. Les Britanniques ont effectué 2,1 milliards d’heures supplémentaires en 2016.
Problème : il s’agit d’heures qui n’ont pas été rémunérées. « C’est comme si le travailleur ayant effectué la moyenne des heures supplémentaires non rémunérées n’avait pas été payé du 1er janvier au 24 février », affirme le Congrès des syndicats britanniques (TUC) qui représente plus de 5,6 millions de travailleurs répartis dans une cinquantaine de syndicats.
Près de 38 milliards d’euros, c’est ce que représentent les 33,6 milliards de livres sterling d’heures supplémentaires non payées en Grande Bretagne en 2016. Un chiffre astronomique et en expansion. La valeur monétaire de ces heures supplémentaires a bondi de 2 milliards d’euros en un an. Le TUC indique que 5,3 millions de personnes ont travaillé gratuitement en moyenne 7,7 heures par semaine soit un manque à gagner de plus de 7 200 euros dans l’année.
Les plus de 40 ans sont les plus touchées
Près de 20 % des hommes travaillent en moyenne 8,3 heures supplémentaires non rémunérées par semaine. Et environ 20 % des femmes effectuent 7,1 heures non payées. Ce travail gratuit concerne particulièrement les plus de 40 ans qui constituent le quart du bataillon, contre une moyenne d’une personne sur cinq sur l’ensemble des catégories d’âge.
Les travailleurs du secteur public sont loin d’être oubliés : ils ont contribué à hauteur de près de 14 milliards d’euros (12,2 milliards de livres sterling) d’heures supplémentaires non rémunérées l’an dernier.
Parmi les professions les plus touchées : les directeurs généraux qui fournissent hebdomadairement 13,1 heures supplémentaires non payées. Puis viennent les enseignants et les professionnels de l’éducation (12,1 heures par semaine).
C’est à Londres que ces heures sont les plus fréquentes avec une moyenne de 8,2 heures par semaine (contre 7,7 heures en moyenne nationale). La capitale anglaise compte plus d’une personne active sur quatre effectuant des heures supplémentaires non rémunérées (contre 19,8% pour la moyenne nationale).
Plus de 48 heures par semaine
En termes de temps de travail, la législation britannique fixe uniquement la durée maximale hebdomadaire, soit 48 heures. Mais cela ne semble pas suffire car plus de 1,6 millions d’employés britanniques travaillent actuellement au-delà de cette limite fixée par également par la directive européenne sur le temps de travail.
Dans la région londonienne 590 000 employés dépassent cette limite des 48 heures hebdomadaires et cumulent une moyenne de 11,9 heures non rémunérées. La capitale est talonnée par la région du Sud-Est et ses 540 000 employés passant plus de 48 heures au travail avec une moyenne de 10,3 heures non rémunérées par semaine.
Ces résultats de l’étude du TUC ajoutent aux inquiétudes sur les conséquences du Brexit dont le déclenchement semble être imminent. « Le gouvernement n’a toujours pas de plan pour empêcher l’affaiblissement des protections du temps de travail lorsque nous sortirons de l’UE, s’alarme Frances O’Grady, la secrétaire générale du TUC. Le Premier ministre devrait promettre de mettre une garantie dans nos futurs accords commerciaux avec l’Europe afin que les travailleurs britanniques soient sur un pied d’égalité avec les travailleurs de l’UE. »