Selon la direction d’EDF, le Brexit « ne modifie pas les éléments fondamentaux » de son projet de construire deux réacteurs nucléaires de dernière génération en Grande-Bretagne, à Hinkley Point.
A l’inverse, FO, la CGT et la CGC ont, dans un communiqué commun du 30 juin, estimé que cette modification du contexte économique et financier général, « avec un gouvernement britannique qui expédie les affaires courantes », ne fait qu’aggraver les incertitudes qui pèsent sur la réalisation de ce projet à court terme.
Pendant ce temps l’entretien du parc nucléaire existant attend toujours des milliards d’euros d’investissement
Depuis plusieurs mois, la fédération FO Energie et Mines, notamment, demande à l’entreprise et à son actionnaire majoritaire, l’État, de reporter ce projet de deux ou trois ans, expliquant qu’il « n’est pas actuellement en l’état d’être lancé, ni sur le plan industriel, ni sur le plan financier » et doit être reporté de deux ou trois ans.
Sur le plan industriel, les syndicats préconisent en effet d’attendre le retour d’expérience des autres EPR, pour l’instant en cours de construction dans le monde et dont aucun n’a donc à ce jour ni fonctionné, ni été testé.
Sur le plan financier, se lancer dans un projet dont l’intégralité du financement est très loin d’être garanti à ce jour semble pour le moins périlleux.
Le choix de la direction et de l’État se révèle d’autant plus incohérent que pendant ce temps le grand carénage du parc électronucléaire existant nécessiterait des milliards d’investissements.
La direction n’a pas respecté le droit d’information et de consultation du CCE
A en croire la direction d’EDF, le Comité central d’entreprise de ce lundi 4 juillet aurait été consulté en bonne et due forme et plus rien ne ferait donc obstacle au lancement du projet.
En réalité, le CCE a été empêché de rendre un avis, la direction ayant omis de lui communiquer une bonne partie des documents requis et n’ayant pas répondu aux demandes de rendez-vous des experts auprès des responsables du projet. La majorité des représentants du personnel a considéré que la direction a ainsi de fait refusé au CCE « d’exercer son droit à une information complète sur un projet majeur pour l’entreprise ».
Les élus du personnel ont saisi la justice
Dès le 20 juin, constatant l’obstruction de la direction et sa décision de convoquer unilatéralement le CCE pour le 4 juillet sans laisser davantage de temps au processus d’information, le Secrétaire du CCE, sur mandat unanime des élus du personnel, avait saisi le Tribunal de grande instance de Paris. Une audience a été fixée pour le 22 septembre.
Ce 4 juillet, les élus FO, CGT et CGC ont de nouveau mandaté le Secrétaire du CCE pour ester en justice dans le cas où la direction tenterait de « se placer au-dessus de la justice, en mettant en œuvre de quelque manière que ce soit le projet Hinkley Point avant l’achèvement du processus d’information et de consultation ».