Hommage à Claude Jenet

Discours du Secrétaire générale de la CGT-Force Ouvrière

Claude Jenet en 2000 au Congrès FO de Marseille © Force Ouvrière

Discours de Jean-Claude Mailly, prononcé lors des obsèques de Claude Jenet lundi 8 décembre 2014 au crématorium d’Orange, dans le Vaucluse.

Mesdames, messieurs, mes chers Camarades, ma chère Nicole, je redoutais le moment où Claude Jenet nous quitterait physiquement. Aussi conscient de la situation politique et sociale que de son état de santé, Claude était d’abord ce que les Lumières appelaient un honnête homme.

Fidèle en amitié, fraternel avec les militants, formateur et pédagogue, organisateur, sachant passer des compromis sans remettre en cause ses convictions et son attachement viscéral à la cause ouvrière, à la liberté et à l’indépendance, Claude Jenet fait partie de ces militants qui auront profondément marqué la CGT-Force Ouvrière.

Au Bureau confédéral il aura exercé plusieurs responsabilités et il était de ceux qui pouvaient ou auraient pu les exercer toutes, y compris le secrétariat général.

Son humanisme et sa modestie, ses convictions et sa force de persuasion, son lien avec les militants, son militantisme étaient sa force et cette force il l’a mise au service de son syndicat.

Depuis quelques jours les souvenirs, nombreux, se bousculent dans ma tête. Notre complicité, notre amitié profonde, nos combats, nos discussions, ses conseils, son respect des femmes et des hommes, son attachement à la démocratie et au mandat m’auront imprégné, comme ils ont imprégné plusieurs générations de militants.

Parmi les nombreux messages que nous avons reçus, je voudrais citer un extrait de celui d’un autre de ses frères de combat, René Valladon. Je le cite : « Que de souvenirs ! Que de risques ! Que d’audace et de culot ! Mais aussi que de respect ! Quand la situation était compliquée, j’ai toujours essayé de faire non pas ce qu’il aurait fait, car les circonstances ne sont jamais les mêmes, mais, comme il me l’a appris, au-delà des contingences du moment ou des apparences, faire ce que nous croyons bon pour la classe ouvrière d’abord et aussi pour la CGT-Force Ouvrière ».

S’il existe des êtres chez qui le militantisme et l’homme ne font qu’un, Claude en fait indubitablement partie.

Garder le cap, donner des perspectives, anticiper le plus possible, ne jamais transiger sur les principes et les valeurs, savoir oser, dire les choses et les faire font partie des messages forts de Claude, et qui restent imprimés et qui doivent traverser les époques.

Sa force de convictions était réelle, et dans divers domaines. Michelle Biaggi le sait bien, elle qui a longtemps résisté pour être candidate au Bureau confédéral et que seul Claude a pu convaincre. Michelle qui aujourd’hui exerce les mêmes responsabilités que Claude lorsqu’il était Secrétaire confédéral chargé de l’Organisation.

Permettez-moi maintenant de dire des choses plus personnelles.

Au-delà du frère de combat et du militant, Claude était un ami, comme son épouse Nicole. C’était comme mon grand frère.

Nous avions une grande complicité, nous nous comprenions très bien l’un et l’autre et nous partagions beaucoup.

Cette complicité ne s’est pas arrêtée le jour où il a décidé d’interrompre son mandat de secrétaire confédéral.

Elle s’est poursuivie jusqu’à ces derniers jours. Nous nous appelions régulièrement, nous confrontions nos analyses. Claude ne vivait pas dans le passé, il était dans le présent et pensait toujours à l’avenir.

Toujours au fait des informations, il suivait en permanence l’actualité locale, nationale et internationale.

Jamais il ne donnait de leçons, il avait ses analyses et cherchait à comprendre et confronter.

Nous passions aussi ensemble, et en famille, des moments délicieux de complicité et d’amitié.

Ce fut encore le cas cet été chez lui à Vedène, en famille et avec Jean-Luc Bonnal, le Secrétaire général de l’union départementale du Vaucluse.

Aujourd’hui je perds un ami et un frère.

Aujourd’hui la CGT-Force Ouvrière et le mouvement ouvrier perdent un des leurs, un de ceux qui les auront âprement défendus.

Sa personnalité était telle qu’il a pu être critiqué et attaqué. Cela a pu l’affecter mais ne l’a pas changé, tant il a toujours su se regarder dans la glace et tant ses amis l’ont toujours soutenu.

Comme le dit le proverbe africain : « On ne jette pas de pierres sur un arbre qui ne porte pas de fruits. »

Au nom de la CGT-Force Ouvrière, je veux ici, de manière quelque peu solennelle – même si je sais qu’il n’aurait pas aimé cela –, le remercier et lui dire : « Claude, tu as profondément marqué l’organisation et le sillon que tu as contribué à creuser n’est pas près de se refermer ».

À Nicole, son épouse, dont la sincérité, le caractère entier et la simplicité collent très bien avec le tempérament de Claude, à Carole et Christine, ses filles, à sa famille, je viens dire ici qu’ils peuvent être fiers de ce que Claude a fait, de ce que Claude était, et de ce que Claude a imprimé.