Pour les cinquante ans de la mort d’Augérias, le Musée national de préhistoire organise une exposition et une série de manifestations en collaboration avec les villes de Sarlat, Domme et Montignac.
Mort dans le dénuement le plus complet, ce marginal sensible a mélangé une vie d’artiste et d’écrivain nomade, sous les ciels d’Afrique, de Grèce et du Sarladais. Dans cette exposition on peut découvrir quelques toiles de l’auteur, mais aussi de l’artiste espagnol Miquel Barcelo, très inspiré par l’œuvre d’Augérias, ainsi que des toiles de son grand ami, l’instituteur sarladais Paul Placet.
Une grande partie des peintures d’Augérias sont perdues ou dispersées, souvent par l’artiste lui-même qui a écrit : Une œuvre doit vivre sa vie de création en dehors de son créateur… Par un temps radieux, je suis allé à la campagne, emportant une étoffe peinte que j’ai clouée dans une carrière d’argile pure : elle était belle et tenait face au réel.
Bref, de l’art « pur » et gratuit quand ce domaine est depuis longtemps un objet de spéculation délirante ! Artiste et écrivain inclassable, dont le nomadisme consistait, comme ses toiles, à habiter des lieux considérés par lui comme « sacrés ». Arpenteur du monde, totalement marginal, il demeure, après la fin d’une vie trop brève, dans l’antichambre de la renommée. Jeune, il a été fasciné par le Sahara. Proche des Touaregs, il détestait le colonialisme français. Il en profite pour parcourir le Sahel, puis fait retraite en Grèce sur le mont Athos où il s’initie à la peinture des icônes orthodoxes dans la tradition byzantine. Puis il revient dans le Périgord, vivant dans une grotte près de Domme, jouant de la flûte et du tambourin, brûlant de l’encens, peignant et écrivant avec un peu de thé et quelques cigarettes. Il passe même une nuit entière, en 1959, dans la grotte de Lascaux. Un esprit curieux, voire quasi mystique, loin du mercantilisme. À découvrir en Dordogne.