Hong Kong : devant le tribunal, le militant Lee Cheuk Yan rappelle la lutte du peuple chinois pour la liberté et la démocratie

InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

Lee Cheuk Yan. © HorstWagner.eu/ITUC

Dans un émouvant et courageux discours devant ses juges, le secrétaire général de la Confédération Syndicale de Hong Kong (HKCTU), Lee Cheuk Yan, a souligné combien la solidarité entre les travailleurs est essentielle.

C omparaissant une nouvelle fois devant un tribunal le 17 novembre dernier, Lee Cheuk Yan était jugé pour avoir pris part en 2020 à une veillée commémorant le massacre de Tian’anmen en 1989. Une commémoration se déroulant chaque année depuis trente et un ans mais interdite l’an dernier par les autorités au nom de la crise sanitaire.

Citant l’écrivain tchèque Milan Kundera, Lee Cheuk Yan a rappelé que  la lutte de l’Homme contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l’oubli. Plaidant coupable des faits qui lui sont reprochés, il a ajouté : Pendant trente et un ans, notre mémoire inflexible et notre conscience implacable nous ont poussés à tenir notre promesse, à persister à honorer la mémoire [des victimes], à exiger la vérité et la responsabilité, et à poursuivre la quête de liberté et de démocratie du peuple chinois.

Les manifestations de Tian’anmen, qui avaient débuté le 15 avril 1989 sur la place du même nom à Pékin, s’étaient achevées par l’intervention sanglante de l’armée, racontée avec émotion par le dissident.  Dans la nuit du 4 juin, j’ai entendu des coups de feu incessants et [...] les chars entrer, écrasant dans le sang les manifestants [...]. Nous nous sommes noyés dans nos larmes, ne sachant pas si quelqu’un avait survécu […]. Ce fut une nuit d’immense dévastation que je ne pourrai jamais oublier. À ce jour, aucun chiffre n’est encore connu, mais le nombre de victimes est estimé entre plusieurs centaines et plusieurs milliers.

 Si je dois aller en prison pour affirmer ma volonté, qu’il en soit ainsi

Le mouvement de contestation visait notamment à dénoncer la corruption des autorités et à demander des réformes démocratiques. Dans les années suivant le massacre de Tian’anmen, dans lequel les autorités chinoises n’ont jamais reconnu leur responsabilité, seule Hong Kong avait pu continuer à honorer la mémoire des victimes.

Lui-même présent le jour du massacre en 1989, Lee Cheuk Yan a insisté sur le fait que la génération de Hongkongais témoins du mouvement de 1989 aimaient intensément leur nation, leur peuple, et espéraient l’avènement de la démocratie en Chine, tandis que le Parti communiste chinois censure avec force toute mention du 4 juin sur les médias sociaux et dans l’espace public.

L’ancien président de l’Alliance de Hong Kong pour le soutien des mouvements patriotiques et démocratiques de Chine a également fait allusion à la loi sur la sécurité nationale, votée en 2020. Les habitants de Hong Kong sont privés de liberté d’expression et de réunion par un régime dont le pouvoir de porter atteinte au droit de réunion ne connaît aucune limite. La récente vague de dissolutions de syndicats début septembre face à la répression, y compris la HKCTU, dont Lee Cheuk Yan est secrétaire général, en est une nouvelle illustration douloureuse.

Dans un ultime appel à la démocratie, tout en réaffirmant son acceptation d’aller en prison pour ses idées, le militant a conclu : Je suis convaincu que ce n’est que lorsque les travailleurs se donnent la main et se réunissent en syndicats indépendants qu’ils peuvent rectifier les injustices sociales et changer leur destin.

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Maud Carlus