Hong Kong : FO en soutien aux 45 militants prodémocratie condamnés pour « subversion »

InFO militante par Fanny Darcillon, L’inFO militante

45 militants condamnés en vertu de la loi sur la sécurité nationale. Hong Kong - 19 novembre 2024 © David Chan/ZUMA-REA

Quarante-cinq personnes vivant dans la région administrative chinoise, dont des syndicalistes, ont écopé de peines de prison ferme pour avoir organisé une primaire officieuse de l’opposition en 2020. FO dénonce de graves attaques contre les libertés individuelles et syndicales, et appelle le gouvernement français à l’action.

De quatre à dix ans de prison pour des juristes, des syndicalistes, des universitaires, des élus locaux ou encore une journaliste. C’est le verdict alarmant tombé à l’issue du plus grand procès pour « conspiration visant à subvertir le pouvoir de l’État » organisé à Hong Kong, ex-colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997. Les 45 militants ont été condamnés en vertu de la très sévère loi sur la sécurité nationale adoptée mi-2020. Ils avaient organisé en 2020 une primaire officieuse de l’opposition, dans le sillage des immenses manifestations prodémocratie qui s’étaient tenues en 2019 dans la « région administrative spéciale » chinoise.

Ils espéraient alors obtenir une majorité aux élections législatives de Hong Kong, afin de peser dans les débats et, si possible, d’obtenir la démission de la dirigeante pro-Pékin de l’époque, Carrie Lam. Malgré les avertissements des autorités, plus de 600 000 personnes avaient voté lors de cette primaire officieuse. Les juges ont estimé que les actions des militants, si elles avaient été couronnées de succès, auraient pu aboutir à une « crise constitutionnelle ». Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, de la destruction entamée depuis des années des libertés politiques et syndicales à Hong Kong.

Un patron de presse menacé d’une peine à perpétuité

En parallèle de ce procès inique, se tenait celui de Jimmy Lai, magnat des médias et militant prodémocratie de 76 ans. Le fondateur du quotidien Apple Daily, fermé en 2021, risque une peine de réclusion à perpétuité pour « collusion avec des forces étrangères » et « conspiration en vue de diffuser des publications séditieuses ». Jimmy Lai s’est expliqué lors de son procès, au lendemain de la condamnation des 45 militants, niant toute intention séditieuse dans sa mission médiatique. Plus on est au courant, plus on est libre, a-t-il affirmé devant ses juges.

Face à ces actualités alarmantes, FO a adressé fin novembre un courrier au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères d’alors, afin d’attirer son attention sur la condition des organisations syndicales hongkongaises. Depuis juillet 2020 et la mise en application de la loi sur la sécurité nationale chinoise à Hong Kong, nos homologues sur place nous ont rapporté plusieurs faits graves, susceptibles de mettre en péril l’action syndicale ainsi que les droits des travailleurs, écrit le secrétaire confédéral du secteur international, Branislav Rugani.

FO dans la solidarité syndicale internationale

Sans réaction forte de la part de la communauté internationale, ce procès pourrait ouvrir la porte à des abus toujours plus nombreux. En l’absence d’actions concrètes, ce sont des milliers de vies qui pourraient se retrouver menacées, des voix qui ne pourraient plus être entendues, une persécution systématique des syndicalistes qui se généraliserait et, sur du long terme, un potentiel démantèlement des organisations syndicales qui se mettrait en place, prévient le secteur international de FO.

Nous sommes très proches de Christopher Mung, un ancien dirigeant syndical qui tente de réorganiser son syndicat depuis le Royaume-Uni, explique le secrétaire confédéral. Il nous a sollicités à l’annonce de la décision du tribunal, car nous le soutenons depuis des années. Faisant l’objet d’un mandat d’arrêt de la part des autorités hongkongaises pour incitation à la sécession, Christopher Mung est devenu, depuis Londres, le directeur de l’Observatoire des droits des travailleurs à Hong Kong.

Des conventions de l’OIT bafouées par la Chine

En juillet 2023, FO alertait déjà : Trois ans après l’adoption de cette loi [sur la sécurité nationale de 2020, ndlr], le bilan est lourd pour le syndicat hongkongais : après l’arrestation et l’emprisonnement de différents leader syndicaux hongkongais, HKCTU (confédération syndicale de Hong Kong) et la plupart des syndicats n’ont finalement eu d’autres choix que de s’auto-dissoudre.

FO fait partie d’une constellation d’organisations s’inscrivant en soutien des syndicalistes hongkongais à l’échelle mondiale. Le secteur international de FO a également adressé un courrier à l’ambassadeur de Chine en France, rappelant la ratification par Pékin de plusieurs conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT). Comme le rappelle Branislav Rugani : On compte parmi ces engagements et obligations la liberté d’association et la reconnaissance du droit à la négociation collective.

Fanny Darcillon

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération