Hong Kong : une répression syndicale toujours plus implacable

InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

Le syndicat hongkongais HKCTU a officiellement annoncé sa dissolution.

Alors que plusieurs syndicats hongkongais ont annoncé récemment leur dissolution, le HKCTU vient de mettre fin à ses activités après avoir été accusé par les autorités chinoises de collusion contre l’État, élément de la loi sur la sécurité nationale, adoptée en juin 2020 et servant à renforcer la répression.

Pressions, actes d’intimidation, harcèlement... Les militants de la Confédération syndicale indépendante hongkongaise HKCTU, affiliée à la Confédération syndicale internationale, font l’objet d’une redoutable campagne anti-syndicat depuis des mois. Lee Cheuk-yan, secrétaire général du HKCTU, a été incarcéré pour avoir participé à des rassemblements publics et accusé d’inciter à la subversion. Des représentants du syndicat ont annoncé qu’ils mettaient fin à leurs activités en raison de la pression énorme qu’ils recevaient de la part des autorités. Cette autodissolution n’est pas la première puisque d’autres syndicats locaux, notamment le HKPTU, syndicat enseignant, le syndicat général des orthophonistes et l’organisation de défense des travailleurs Asia Monitor Resource Center, ont été contraints à la même décision. Un climat d’autocensure qui inquiète la communauté syndicale internationale, à commencer par FO, qui dénonce fermement ces pressions.

Nous déplorons ces dissolutions, d’autant plus qu’elles interviennent quelques mois seulement après la tenue de la Conférence internationale du Travail (en juin dernier), à laquelle le HKCTU avait participé, martèle Marjorie Alexandre, secrétaire confédérale au secteur international de FO.

Démantèlement de la vie syndicale hongkongaise

Nous appelons le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères à user de son influence diplomatique dans les instances européennes et internationales dans lesquelles il siège pour faire pression sur les autorités chinoises. Mais pour l’instant, ces dernières crient à l’ingérence dans la vie politique du pays. Ce démantèlement de la vie syndicale et de façon plus générale des libertés individuelles fait suite à l’adoption, en juin 2020, d’une loi sur la sécurité nationale qui établit un cadre permettant aux autorités d’accuser quiconque de  collusion contre l’État, ce qui de fait réduit au silence toute tentative d’opposition. Le gouvernement argue que cette loi vise à protéger  la souveraineté ou la sûreté de la Chine.

Des organisations internationales, telle Amnesty International, s’inquiètent de l’utilisation par les autorités chinoises de cette loi de manière arbitraire, comme prétexte pour restreindre les droits fondamentaux à la liberté d’expression, de réunion pacifique, d’association et de liberté, et pour réprimer la dissidence et l’opposition politique. Peu d’options sont possibles face au verrouillage présenté par la Chine, mais, souligne Marjorie Alexandre, l’une de celles-ci serait de peser sur la situation commerciale, par exemple au niveau de l’accord d’investissement entre l’UE et la Chine, en exerçant une pression suffisante. Nous œuvrons dans ce sens avec la CES (Confédération européenne des syndicats) et la CSI (Confédération syndicale internationale).

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus