Hop ! : la menace de la grève a payé

InFO militante par Fanny Darcillon, L’inFO militante

© Laurent GRANDGUILLOT/REA

Après avoir déposé un préavis de grève, les hôtesses et stewards de la filiale d’Air France, particulièrement malmenée depuis plusieurs années, ont obtenu une importante hausse de la prime qu’ils perçoivent lorsqu’ils assurent un vol sur leurs congés.

C’est devenu la manière de fonctionner à la française : il faut déposer un préavis de grève pour que la direction accepte de se mettre autour de la table !, déplore Séverine Pellaudin, secrétaire générale adjointe du Syndicat national FO du personnel navigant commercial (SNPNC-FO) et cheffe de cabine chez Hop !. S’il est regrettable de devoir désormais en arriver là pour faire entendre la moindre revendication, la méthode a payé pour les hôtesses et stewards de la filiale d’Air France.

Forts de leur préavis de grève déposé pour le 7 mai, qu’ils n’ont pas eu besoin de mettre à exécution, les personnels navigants commerciaux de Hop ! ont finalement obtenu ce qu’ils demandaient par la négociation. La prime à laquelle ils ont droit lorsqu’ils acceptent de « sauver » un vol en renonçant à un jour de repos est passée de 150 à 225 euros brut. Hop ! s’est également engagée à se mettre en conformité avec la loi sur la gestion du Compte personnel de formation (CPF), indique Séverine Pellaudin.

La revalorisation n’était que justice aux yeux du SNPNC-FO, dans la mesure où les pilotes venaient pour leur part de voir leur prime augmenter. En ce moment, on sent une tendance à beaucoup donner aux pilotes, souligne la militante, car le marché de cette profession, un temps en sureffectif, va bientôt redevenir sous tension. Donc les directions d’Air France et de Hop ! les tiennent un peu au chaud, tandis qu’au moindre euro dépensé pour nous, on dirait que l’entreprise va fermer !

Des NAO souvent en retard

Ne remettant pas en cause ce qu’obtiennent les pilotes, les hôtesses et stewards ressentent néanmoins une sorte d’injustice qui les a poussés à se mobiliser de façon exceptionnelle, le dernier mouvement datant de bien avant le Covid. Les dernières NAO, où rien de conséquent n’a été obtenu, avaient déjà laissé un goût amer aux salariés. La prime de frais de déplacement a juste été revalorisée de quelques euros à peine, pointe la cheffe de cabine. Pour ceux qui doivent venir depuis la province, c’est compliqué. Les NAO 2022 n’ont en outre toujours pas commencé : On est toujours en retard, la direction flirte souvent avec les limites, déplore Séverine Pellaudin.

Si le score de FO aux élections sur l’ensemble de la compagnie ne lui permet pas encore d’être représentatif, le syndicat recueille en revanche 25% des voix du personnel navigant commercial (hôtesses et stewards). Un corps de métier dont la moyenne d’âge chez Hop ! augmente : autour de 45 ans. A partir de cet âge-là, on ne peut pas toujours encaisser les mêmes exigences de productivité et les nuits courtes, souligne la militante. Or, pour un vol de cent passagers dont une classe business, nous ne sommes que deux hôtesses ou stewards. Face à des compagnies low cost, qui présentent un important turn-over parmi leurs employés, ces compagnies étant passées maître dans la recherche de réduction des coûts, par des conditions « moins disantes » faites à leur personnel, notamment au plan des salaires, la politique de Hop !, c’est un peu de pousser les plus anciens vers la sortie, estime la militante.

42% des effectifs perdus depuis 2020

Cette victoire face à la direction est donc particulièrement la bienvenue dans le quotidien des salariés de Hop !, fortement malmenés depuis l’annonce à l’été 2020 d’un plan de départs volontaires, dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PDV-PSE), qui vient de s’achever. La compagnie a perdu 42% de ses effectifs, soit 1 007 postes supprimés, et de la moitié de ses appareils. Les sites d’Orly, Morlaix et Lille ont fermé, ne subsistent que les bases de Roissy-Charles-de-Gaulle et Lyon. En parallèle, des plans sociaux drastiques ont également été menés chez Air France (8 500 postes supprimés depuis 2020) et chez KLM (5 500 emplois perdus).

Si le plan social chez Hop ! avait laissé craindre au printemps 2021 une fermeture à venir de la compagnie, la direction d’Air France a démenti toute volonté de se débarrasser de sa filiale et se serait engagée à rester au capital de Hop ! jusqu’en 2026, en y garantissant un certain niveau d’activité.

Fanny Darcillon

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération