Hôpital de Laval : deux services en grève pour des effectifs supplémentaires

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

FO

Un appel à une grève illimitée lancé le 19 août par le syndicat FO, majoritaire, concernant les unités covid et médecine interne de l’hôpital de Laval. Une autre grève lancée le 26 août, cette fois dans le service de gériatrie... Dans la capitale de la Mayenne, département touché de nouveau cet été par l’épidémie au coronavirus, les hospitaliers FO exigent des effectifs supplémentaires.

Démonstration concrète, par les chiffres, du manque de personnels dans un hôpital. En lançant deux grèves au sein de l’établissement ce mois d’août, le syndicat FO du centre hospitalier de Laval en Mayenne pointe l’insuffisance des effectifs de certains services, ce qui dégrade les conditions de travail des agents présents et complique la capacité de réalisation d’un service de qualité devant être apporté aux patients.

Après avoir dû accueillir de nombreux patients atteints de la covid-19 entre mars et avril dernier, l’hôpital (1656,97 ETP rémunérés en 2019, titulaires et contractuels) a été une nouvelle fois fortement sollicité cet été, en juillet. Nous avions 21 patients en service réanimation entre mars et avril alors que l’hôpital ne disposait initialement que de huit lits dédiés explique Maxime Lebigot, secrétaire général adjoint du syndicat FO de l’hôpital (syndicat majoritaire, passé lors des dernières élections de 2018, de la 3e à la 1e place). Toujours pendant la crise sanitaire, au printemps, l’hôpital qui disposait de 30 lits prévus pour les patients covid avait reçu un renfort en personnel : celui de la réserve sanitaire, d’étudiants et de personnels d’autres services.

Mais le nombre de patients diminuant avant l’été, cette aide n’a pas perduré. Aujourd’hui indique le militant FO, les unités médecine interne/infectiologie et covid (relevant d’un même service, Ndlr) disposent de 24 lits, douze chacune. Suite à l’augmentation des cas d’infection en juillet en Mayenne, entre huit et douze patients covid y sont encore soignés. Avec quels moyens en personnels ? C’est là que le bât blesse souligne Maxime Lebigot dont le syndicat a lancé le 19 août une grève illimitée pour ce service. De son côté, indique son secrétaire général, Sébastien Lardeux, l’Union départementale de Mayenne a adressé un courrier à l’ARS en appuyant la revendication d’effectifs supplémentaires.

Les contractuels redéployés

Pour 24 lits, on compte en effet en semaine la présence de deux infirmières le matin et deux l’après-midi. Sont présentes aussi deux aides-soignantes le matin, deux le soir ainsi qu’un agent de 8h à 16h et un autre qui assure l’aide au repas. Le week-end, l’effectif est plus limité encore avec une seule infirmière le matin, une seule le soir et une infirmière de 16h à 21h. Côté effectif d’aides-soignants, on en compte deux le matin, deux le soir et un agent pour l’aide au repas.

Dès juillet, nous avons commencé à grogner concernant cette insuffisance d’effectifs ! indique Maxime Lebigot. Le syndicat a obtenu l’arrivée d’une infirmière, présente de 8h à 16h pendant la semaine ainsi que la présence d’une infirmière supplémentaire le week-end. Pour l’équipe de nuit, nous avons obtenu une aide-soignante de plus, l’effectif se résume toutefois à une infirmière seulement la nuit et deux aides-soignantes.

Non seulement FO revendique toujours un poste supplémentaire d’infirmière pour l’équipe de nuit mais souligne que ces redéploiements de personnels entre services sont loin d’être la panacée. D’autant souligne Maxime Lebigot, que ces agents nouvellement affectés au service médecine interne/covid sont des agents contractuels et que ces postes sont provisoires.

FO demande un plan de titularisation

Ce recours récurrent à la contractualisation des emplois est fustigé par le syndicat FO qui demande et dès septembre que la direction organise un plan de stagiairisation et de titularisation à l’hôpital.
Actuellement, l’établissement compte 18% de contractuels, ce qui est dans la moyenne nationale nous explique la direction, mais ce qui est néanmoins une situation difficilement admissible insiste le militant FO, infirmier en service de cardiologie. Il n’est pas normal par exemple qu’un agent demeure contractuel pendant trois ans et en plus en subissant des contrats de courte durée à répétition s’irrite-t-il déplorant une politique de titularisation pour le moins défaillante. L’hôpital compte par exemple 600 infirmiers (IDE : infirmier diplômé d’État) titulaires et contractuels, or il y a seulement cinq titularisations par an.

Le 26 août, une autre grève a été lancée par le syndicat FO de l’hôpital. Elle concerne le service de gériatrie qui compte 29 lits. Et là encore, le motif du conflit porte sur les effectifs. La préconisation officielle ministérielle, concernant le ratio nombre de lits/nombre d’agents, comparée à la réalité des emplois dans le service en dit long sur les carences en effectifs. Quand pour 20 lits, il faudrait, selon la préconisation, douze postes (temps plein) d’infirmiers et douze d’aides-soignants, le service de Laval dispose pour 29 lits de seulement 10,26 postes TP d’infirmiers et de 13,80 postes d’aides-soignants.

Le syndicat FO demande ainsi des postes supplémentaires : au minimum un poste d’infirmier et un d’aide-soignant le jour et un poste supplémentaire d’aide-soignant pour le service de nuit qui actuellement ne compte qu’une infirmière et une aide-soignante. FO qui a été reçu par la Direction demande aussi des renforts en personnels le week-end.

Vite des créations de postes

Alors que la direction de l’hôpital annonce qu’elle étudiera à partir de septembre la répartition des postes dans les services, le syndicat FO entend l’amener surtout à des créations de postes. Des vraies et non du bricolage par redéploiement. Entre 2018 et 2019, l’hôpital a perdu 38,09 ETPR (emplois temps plein rémunérés). Plus dans le détail et concernant les services de soins, on compte 27,62 ETPR en moins sur postes permanents. Et, plus globalement au sein de l’hôpital, le nombre d’ETPR titulaires a diminué de 34,26.

Alors que l’hôpital supporte toujours un lourd déficit, la Direction cherche toujours à obtenir le retour à l’équilibre des comptes en préconisant le recul annuel des effectifs de chaque pôle, de l’ordre de 1% indique Maxime Lebigot. Pour le syndicat FO, cette politique vis-à-vis de l’emploi est inadmissible. D’autant que le Ségur de la Santé a prévu des créations de postes (15 000 embauches dont la moitié en créations de postes, Ndlr), alors allons-y, passons aux choses concrètes appuie le militant indiquant ce 27 août que le service Soins de suite et de réadaptation, souffrant lui aussi d’une insuffisance d’effectifs, manifeste de plus en plus son mécontentement... Une extension de la grève n’est pas impossible.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Sur le même sujet