Hôpital : FO dénonce des choix politiques inchangés

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

Article publié dans l’action Élections dans la Fonction publique

Avec plus d’une centaine de rassemblements en France, la journée de manifestations du 27 septembre, à l’appel de la fédération FO-SPS et des autres organisations signataires du « Ségur de la Santé », a montré la détermination des personnels des secteurs sanitaires, sociaux et médico-sociaux à revendiquer des moyens supplémentaires. Rendu public la veille, le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) se contente de reconduire les moyens pour les établissements hospitaliers. Pour FO, il acte ainsi la poursuite de la politique de fermetures de lits et de limitation du recours aux soins pour la population.

Plus d’une centaine de manifestations et de grèves recensées, sur l’ensemble du territoire, dans les établissements hospitaliers, les structures sociales et médico-sociales. Mardi 27 septembre, les personnels se sont massivement mobilisés à l’appel de la fédération FO-SPS (services publics et de santé) et des deux autres organisations signataires à l’été 2020 du « Ségur de la Santé », montrant leur détermination à obtenir des moyens supplémentaires. Des moyens pour recruter et améliorer leurs conditions de travail devenues intenables en raison du sous-effectif chronique. Des moyens pour améliorer les salaires entamés par l’inflation galopante (5,6 % en septembre, sur un an, selon l’Insee), et rendre plus attractifs les métiers de la santé publique.

Une journée de mobilisations réussies

Il y a urgence à normer les effectifs par services et à les sécuriser, sans oublier les problèmes de titularisations et la nécessaire ouverture de négociations sur les questions salariales, résumait Didier Birig, secrétaire général de FO-SPS. Le militant avait rejoint la manifestation comptant une centaine de militants à Paris, sur l’esplanade des Invalides. Dans l’après-midi, les trois secrétaires généraux des organisations signataires du Ségur de la Santé ont été reçus par le cabinet du ministre de la Santé, pour exposer leurs principales revendications, sur les recrutements, les conditions de travail, les salaires.

Une action démultipliée sur l’ensemble du territoire. Aux HUS de Strasbourg, au CHR de Metz-Thionville, au CH de Carcassonne, au CH de Vannes, dans tous les établissements du Var, dans tous ceux du Bas-Rhin, au CHU de La Réunion, à l’Ehpad Espéraza, à l’Ehpad du CH de Brocéliande, à celui de Pompeyrie (liste non exhaustive)… Partout, des délégations ont porté le cahier revendicatif auprès des directions d’établissements, des ARS (agences régionales de Santé), des préfectures ou des députés. Lesquels vont débuter le 10 octobre, en commission, l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).

Établissements hospitaliers : leurs moyens simplement reconduits dans le PLFSS 2023

Présenté en conseil des ministres la veille de cette journée nationale de mobilisations, le PLFSS 2023 prévoit de... simplement reconduire les moyens pour les établissements hospitaliers. Choix que condamne FO-SPS. La simple reconduction des moyens équivaut à la continuité d’une politique de fermetures de lits et de limitation du recours aux soins pour la population, alerte la fédération dans un communiqué sans concessions, titré : Macron continue à détruire l’hôpital public et les structures sociales et médico-sociales !.

Les derniers chiffres publiés par les services du ministère confirment qu’il n’y a pas eu en 2021 d’inflexion de la politique de santé publique. L’an passé, la baisse du nombre de lits en hospitalisation complète s’est poursuivie : 4 316 ont été supprimés. Si cette réduction des capacités hospitalières est en léger repli par rapport à 2020 (-4 900 lits), elle reste supérieure aux baisses constatées avant la crise sanitaire. Au total, depuis 2013, 30.700 lits d’hospitalisation complète ont disparu (13 700 en 2012-2017, 17 000 en 2017-2022) et le nombre d’établissements hospitaliers publics a diminué, passant de 1 420 à 1 342 en 2021, soit 78 établissements de moins.

FO exige un Comité de suivi de l’accord du Ségur

A croire le cabinet du ministre de la Santé, la simple reconduction des moyens dans le cadre du PLFSS 2023 serait déjà un progrès... Le cabinet semble satisfait qu’il n’y ait pas eu de coup de rabot sur les moyens des établissements hospitaliers, dénonce Didier Birig. Le gouvernement n’a pas pris la mesure de la gravité de la situation. Ses choix politiques en santé publique restent inchangés. Tout se passe comme s’il considérait le Ségur de la Santé comme un solde de tout compte, alors même qu’il est largement inabouti : où sont les 15 000 créations de postes promis à l’été 2020 ?, interroge le secrétaire général de FO-SPS.

Lors de la rencontre au ministère, la délégation a exigé la réunion d’un comité de suivi de l’accord Ségur dans les plus brefs délais, afin de poursuivre la mise en œuvre des engagements alors pris par l’exécutif. Dont la revalorisation salariale du travail de nuit, des dimanches et des jours fériés. Dont l’attribution du Complément de traitement indiciaire (CTI) à l’ensemble des agents publics hospitaliers et, pour ces mêmes agents, la suppression de la cotisation aux ordres professionnels. Enfin, en ce qui concerne les effectifs, elle a demandé l’ouverture d’un chantier sur les ratios de personnel. Un sujet crucial pour FO-SPS, qui revendique un plan massif de recrutements : 200 000 créations de postes dans les établissements hospitaliers, les structures sociales et médico-sociales.

Sur ce sujet, on cherchera en vain un acte positif. Le PLFSS pour 2023, aussi, passe sous silence les besoins du versant hospitalier, ne programmant pour lui aucune création de postes supplémentaires.

Interventions auprès des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat

Déterminés à peser alors que débutera bientôt l’examen de ce projet de loi, les secrétaires généraux des trois organisations signataires du « Ségur de la Santé » ont remis, mercredi 28 septembre, leur cahier revendicatif au cabinet de la présidente de l’Assemblée nationale, puis à celui du président du Sénat.

Face à l’absence de volonté gouvernementale à régler les difficultés minant la fonction publique hospitalière, FO-SPS réunit du 4 au 7 octobre, à Paris, son comité national. La fédération FO-SPS va prendre ses responsabilités. Nous ne lâcherons rien, prévient déjà son secrétaire général, Didier Birig.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération