Une délégation représentant 1 200 médecins hospitaliers signataires d’une lettre ouverte adressée en septembre à la ministre de la Santé a de nouveau alerté mardi 20 mars sur la dégradation du service public hospitalier
qui entrave
les missions des praticiens hospitaliers auprès de leurs patients.
Pénurie médicale organisée
Ces médecins, dont l’initiative est soutenue par le Syndicat national des médecins hospitaliers FO (SNMH-FO) et cinq autres organisations, demandent depuis plusieurs mois à rencontrer Agnès Buzyn. Sans réponse de sa part, ils se sont rassemblés le 20 mars sous les fenêtres du ministère de la Santé pour montrer leur détermination à obtenir l’ouverture de discussions sur la pénurie médicale organisée de longue date
.
Ils revendiquent notamment la suspension des fermetures de lits, de services et d’hôpitaux, le rééquilibrage des pouvoirs à l’intérieur de l’hôpital et un financement de l’hôpital public fondé sur les principes de la Sécurité sociale, rompant avec les enveloppes contraintes
.
Les mécontentements s’exprimeront le 22 mars
La situation est insupportable, le gouvernement reste sourd aux demandes des médecins hospitaliers tout comme il n’entend pas celles des personnels des Ehpad
, a indiqué Yves Kottelat, secrétaire général de la fédération des services publics et de santé (SPS-FO), présent au rassemblement aux côtés du SNMH-FO. Les mécontentements s’exprimeront le 22 mars, lors de la journée de mobilisation de la Fonction publique
,a-t-il ajouté.
Une délégation a été reçue par deux représentants de l’administration. Les médecins ont rappelé l’urgence à ouvrir une discussion sur la pénurie médicale, les fermetures de lits et de services, le financement et le management à l’hôpital. Ils restent dans l’attente d’une réponse à leur demande de rendez-vous avec la ministre de la Santé.
Les praticiens hospitaliers présents devant le ministère ont témoigné de situations très difficiles au sein de leurs établissements.
Fermetures de lits
Olivier Varnet, secrétaire général du SNMH-FO et neurologue à l’hôpital de Gonesse, a indiqué que dix des trente lits de neurologie de son établissement ont dû être fermés en janvier et février, faute d’effectifs suffisants
.
Hervé Pichon, chirurgien orthopédiste au centre hospitalier de Voiron (Isère), a lui aussi pointé le manque de personnel dans l’hôpital où il exerce. Un phénomène qui touche autant les secrétaires médicales que les aides-soignantes, les infirmières ou les médecins, a-t-il précisé.
Défaillance institutionnelle
Véronique Payen, médecin aux urgences dans le même établissement, a témoigné de conditions de travail difficiles
et de retards dans les prises en charges
de patients. Tous les jours, on craint la catastrophe
, a-t-elle déploré,le nombre de passages aux urgences a doublé en dix ans, mais le personnel n’a pas évolué en nombre. On est face à une défaillance institutionnelle.
Bruno Caron, médecin psychiatre à l’hôpital de Saint-Egrève (Isère), a fait état d’un délai d’attente d’un an pour obtenir une place dans le service de pédopsychiatrie, et de l’absence d’un médecin titulaire dans le service qui prend en charge les adolescents.