Hôpital public : la tension monte

Service Public par Françoise Lambert

Dans de nombreux établissements, les personnels se mettent en grève pour dénoncer les restrictions budgétaires qui menacent l’exercice de leur métier au service du public.

Briançon, Villejuif, Riom, mais aussi Bour­goin-Jal­lieu ou encore Mayenne : la grogne des personnels hospitaliers, médicaux ou pas, se développe depuis plusieurs semaines dans de nombreux établissements hos­pitaliers publics un peu partout en France, avec des grèves et des manifestations à l’appel de FO. « La question qui réu­nit tous les mouvements en cours est celle des budgets hospitaliers en baisse », indique Denis Basset, secrétaire fédéral à la Fédération FO des Services pu­blics et de Santé (SPS FO).

Une logique qu’accentue le pacte de responsabilité, qui prévoit pas moins de 10 mil­liards d’euros de coupes budgétaires dans les dépenses de santé d’ici à 2017. « Les droits statutaires des agents et les emplois sont transformés en simple variable d’ajustement », pour­suit Denis Basset.

LES PERSONNELS ET LES EMPLOIS EN PREMIÈRE LIGNE

À l’hôpital de Briançon, touché par la grève depuis le 10 juin, les personnels poursuivent leur mouvement pour combattre la fermeture programmée du service de réanimation, mais aussi la réduction de lits et de personnels dans d’autres services comme la chirurgie ou la maternité-pédiatrie. Ils s’inquiètent d’un plan de redressement de 5 milliards d’euros dévoilé fin mai. « La réanimation, c’est le sommet de l’iceberg », résume Richard Faure, secrétaire du syndicat FO. À Bourgoin-Jallieu, les agents des services de réanimation et des urgences étaient eux mobilisés le 5 juin pour réclamer plus de moyens humains, alors que, selon leur syndicat FO, « ils pallient depuis un an aux quatre absences d’aides-soignantes » en revenant travailler sur leurs jours de repos. À Riom, c’est aussi la situation aux urgences qui a mis le feu aux poudres. En grève reconductible depuis le 18 juin à l’appel de FO, les personnels des urgences, du SMUR (véhicules sanitaires d’urgence) et de l’Unité d’hos­pitalisation de courte durée (qui accueille les patients en aval des urgences avant qu’ils soient adres­sés au service adapté à leur situation) dénoncent un encombrement des urgences dû à un effectif insuffisant et à des locaux inadaptés. Les salariés de l’hôpital psychiatrique Paul-Guiraud de Villejuif sont quant à eux en grève depuis le 2 juin pour réclamer le retrait d’un projet de réorganisation du travail qui va se traduire par une réduction des jours de RTT de 27,5 à 18 par an et par le passage d’une journée de travail de 8 heures à 7 heu­res36. Ils ont manifesté le 17 juin, devant le ministère de la Santé à Paris. Les représentants syn­dicaux, reçus au ministère, n’ont obtenu qu’une assurance : le dos­sier se­ra transmis à l’Agen­ce régionale de santé. La grève se pour­suit. À l’hô­pital de Vilaines-la-Juhel (Mayenne), c’est aussi la suppression de jours de RTT – en sus de la suppression de deux postes en soins de suite – qui a déclenché la grogne en mai. Au centre hospitalier de Mayenne, dans le même département, ce sont les conditions de travail et « une gestion de l’hôpital uniquement financière » qui fédèrent les mécontentements et la liste est loin d’être exhaustive.

Le 13 juin, la Fédération FO des Services publics et de Santé (SPS FO) a estimé « que le temps est venu d’organiser une riposte d’ensemble afin de se faire entendre et d’obtenir satisfaction ».

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante

P.-S.

Photo : Françoise Lambert

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