Des moyens de protection pour assurer en toute sécurité leur mission, obtenir de la part du gouvernement une définition claire des positions statutaires et que la population écoute consciencieusement leurs recommandations afin que les services, déjà quasi saturés, puissent encore faire face. FO-Santé est au côté de ces milliers d’agents qui auraient bien du mal à oublier leurs revendications.
Des masques, du gel désinfectant, des tenues adéquates quand cela est nécessaire, des gants... Les personnels hospitaliers ne cessent de demander depuis plusieurs semaines ces matériels indispensables à leur activité de soignants, donc au contact des malades, dans des établissements dont certains, comme dans l’Est de la France, sont déjà saturés de patients.
Or, indique Didier Birig, le secrétaire général de la fédération FO des personnels des services publics et des personnels de santé (SPS-FO), « la distribution prévue jusque-là -aux médecins libéraux, hospitaliers…- a été surprenante. Et les masques ne viennent toujours pas »
dans les hôpitaux, en tout cas ils n’arrivent pas assez vite malgré les initiatives de ces derniers jours, entre autres la mise à disposition du ministère de la Santé, par l’armée, de cinq millions de masques chirurgicaux ou encore la livraison, le 18 mars, par la Chine (à laquelle la France avait livré 17 tonnes de matériel de soin le mois dernier) d’un million de masques.
FO-SPS « exige » elle « que tous les agents des établissements hospitaliers et médico-sociaux, les pompiers et ambulanciers soient équipés de tout le matériel nécessaire pour se protéger et protéger les autres ! ».
« La Fédération exigera qu’un bilan soit fait »
« Le stock français de masques a-t-il été sous-estimé » par les pouvoirs publics ? Les besoins en matériel de protection ont-ils été insuffisamment « devancés » ? Ces mêmes pouvoirs publics auraient-ils dû « mieux observer » la situation sanitaire alarmante en Italie et en tirer les conséquences au plan des besoins qui allaient être rapidement nécessaires en France ?
FO-Santé pose ces questions, forcément. Toutefois, appuie la fédération, « la situation n’est pas à la surenchère, ni à la polémique stérile. Il y aura un avant et un après Coronavirus et la Fédération exigera qu’un bilan soit fait et que les conséquences des politiques passées et en cours soient corrigées. Notre cahier revendicatif est, et reste, d’actualité »
. A plus d’un titre, « le bilan de cette crise sera fait au moment voulu »
explique Didier Birig. Les restrictions imposées à l’hôpital pouvaient-elles être neutre ? Le militant rappelle à ce sujet que « cela fait 15 ans que FO dit que l’on va vers une crise sanitaire majeure… ».
S’il faudra aussi après cette crise « parler de la question de la réindustrialisation »
, pour l’instant, indique le secrétaire général de la SPS-FO, l’heure est à parer au plus pressé. Et pour la fédération, il s’agit de « peser sur le gouvernement, sur le ministère de la Santé, pour obtenir au plus vite suffisamment de matériel de protection pour les personnels et une définition claire des positions statutaires ».
« Les hospitaliers étaient déjà à bout bien avant la crise »
Ainsi, alors qu’un Conseil supérieur de la fonction hospitalière (par visioconférence) se tenait ce 19 mars, la SPS-FO a choisi ne pas y participer, s’étonnant de la préoccupation du Conseil, lequel souhaitait examiner des textes portant sur le déplafonnement des heures supplémentaires.
Pour la SPS-FO « sur l’organisation du temps de travail et la rémunération, l’urgence n’est pas de savoir combien d’heures les agents peuvent effectuer en plus !!!! »
. Didier Birig rappelant que « les hospitaliers étaient déjà à bout bien avant la crise »
pointe par ailleurs « les millions d’heures sup’ » effectuées ces dernières années dans la fonction publique hospitalière et qui n’ont toujours pas fait l’objet d’un règlement.
Une des inquiétudes la fédération, dans ce contexte de crise, est l’attitude des employeurs hospitaliers qui en matière de temps de travail et de rémunération « dictent des règles différentes d’un établissement à l’autre, parfois confuses, non règlementaires et/ou intolérables »
. Or, soulignait, le 18 mars, la fédération dans un communiqué, les personnels « méritent le soutien de leur direction et non des mesures en leur défaveur telles que, par exemple, organiser des astreintes déguisées, ou encore imposer la récupération des heures supplémentaires, RTT et congés en cas de baisse d’activité (sur des services non prioritaires), en cas de confinement et/ou contamination des agents, ou pour épuiser les droits des agents à repos dans la prévision d’un pic d’activité ».
A quand l’abrogation du jour de carence ?
La SPS-FO demande au ministère de la Santé qu’une « instruction soit immédiatement publiée » pour que cessent ces pratiques dans les établissements et que, selon les cas, les positions statutaires des agents soient clarifiées.
La fédération, à l’instar de l’union interfédérale FO-Fonction publique, « exige » aussi, notamment, l’abrogation du jour de carence, appliqué à tous les fonctionnaires en cas de congé maladie… Et y compris pour cause de contamination par le Covid-19.
Pour l’instant, le secrétaire d’État Olivier Dussopt n’a pas répondu positivement à cette revendication à l’issue d’une rencontre avec les syndicats, dont FO, le 16 mars. Pour Christian Grolier, le secrétaire général de FO-Fonction Publique « la situation mériterait une autre réponse »
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