HSBC France : les salariés dans l’extrême inquiétude

Actualités par Elie Hiesse

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En annonçant le 9 décembre sa volonté de céder sa banque de détail, la direction d’HSBC France a légitimement angoissé les salariés. D’autant que le périmètre exact de la vente n’est pas connu. Jusqu’à 5 000 salariés pourraient être concernés, soit 58% des effectifs.

Le 9 décembre, la direction d’HSBC France a annoncé à FO et aux syndicats que la cession de l’activité « banque de détail » devenait une priorité et qu’elle entamait, dès le lendemain, les discussions avec les premiers acheteurs potentiels déclarés, français ou étrangers. Et depuis, plus rien hors les informations relayées par la presse, tel par exemple l’intérêt de la Banque Postale. Voilà ce qui rend la situation si insupportable pour les salariés d’HSBC France.

L’annonce de la cession, suivie d’une absence totale de communication de la direction, a plongé les salariés dans une incertitude angoissante. Tous savent que 2020 est une année-charnière pour HSBC France, puisque la vente s’accompagnera d’une restructuration des fonctions centrales ou support, commente Angélique Faria, déléguée syndicale FO.

Le périmètre de la cession élargi

Mais dans quelles proportions ? La question reste entière. D’autant que le périmètre de la cession potentielle a déjà été élargi. Comme la direction l’a annoncé le 9 décembre, l’activité « petites entreprises » est également concernée par la vente. Cette communication ouvre donc la possibilité d’une cession totale des deux pôles (les 270 agences de la banque de détail et l’activité « petites entreprises »), incluant les salariés travaillant, dans les fonctions centrales ou « support », pour ces deux activités.

Jusqu’à 5 000 salariés au total pourraient être concernés, soit environ 58% des 8 700 salariés français, calcule Angélique Faria. Mais toutes les options restent ouvertes, de la cession totale à des cessions partielles. Quel que soit le périmètre, la direction souhaite avoir finalisé la vente en janvier 2021.

Après la cession, la restructuration

Chose certaine, les fonctions centrales n’échapperont pas à une restructuration assortie de suppressions de postes en 2020. La direction l’a également confirmé à la réunion du 9 décembre. Cela ajoute encore à l’angoisse des salariés. C’est très difficile pour les salariés travaillant dans les fonctions support. Soit ils sont vendus avec le pôle pour lequel ils travaillent en interne (banque de détail ou activité petites entreprises). Soit ils restent HSBC France, tout en sachant qu’il y aura, dans la foulée, un plan de licenciement ou une rupture conventionnelle collective, précise la déléguée FO.

Et il leur faudra patienter pour en savoir plus. La direction d’HSBC France a fixé la fin avril comme dernière échéance pour prendre une décision sur cette vente, dont le périmètre conditionnera l’ampleur de la restructuration à venir. Au plus tôt, les instances du personnel peuvent être saisies fin mars, estime Angélique Faria, déléguée FO, qui presse la direction de jouer la carte de la transparence.

Un lourd tribut pour la filiale française

Ce projet de cession s’inscrit dans un plan de restructuration mondial du géant financier sino-britannique. Selon le Financial Times, qui a cité des sources proches du dossier, HSBC pourrait supprimer jusqu’à 10 000 postes, principalement dans ses activités en Europe, jugées moins rentables que celles en Asie.

Si HSBC France cède effectivement sa banque de détail et son activité « petites entreprises », elle paiera un très lourd tribut à ce plan mondial : la moitié des suppressions de postes. Autre symbole de la réduction de voilure, d’ici septembre 2020, la filiale française va quitter sa mythique adresse sur les Champs-Elysées. Alors qu’elle la détenait depuis plus de 100 ans, elle en est devenue locataire en 2010.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante