Il ne faut pas se priver du public

Les articles de L’InFO militante par Corinne Kefes, L’inFO militante

La collection « Le mot est faible » s’attache à remettre le bon mot à la bonne place, tant il est important de donner à chacun son juste sens. Cet ouvrage s’intéresse à la façon dont « public » a pu évoluer dans le temps.

Au XVIIe siècle, il apparaît dans le contexte de l’essor de la bourgeoisie, constituée en corps devant lequel le gouvernement du roi doit se justifier, un collectif qui englobe peu à peu les marges de la société et leurs revendications : c’est l’émergence de la société civile. Puis il devient le symbole d’un régime juridique (le statut des agents), d’un mode de production (non marchand), d’un horizon social (égalité), d’un circuit politique (responsabilité et contrôle), reprenant la notion romaine de ce qui n’appartient à personne et donc à tous, qui est hors du marché.

Ces trente dernières années, on a assisté au glissement de cette terminologie : avec les politiques néolibérales de réduction des coûts, d’externalisation des services publics, de privatisations, l’existence d’organismes supra nationaux, il est devenu un signifiant flottant qui intègre les notions de compétitivité et de concurrence.

Cela entraîne un flou, voire une collusion, entre l’état, les grandes entreprises et les cabinets de conseil et fait voler en éclats la notion de représentation du politique désormais « hors sol ». Mais la pandémie, l’urgence climatique, le poids des GAFAM ont réveillé les consciences et fait redécouvrir l’intérêt commun à l’échelle mondiale.

Il est temps de redéfinir la notion de public et de biens publics.

Public, Antoine Vauchez. Éditions Anamosa – 102 pages, 9 euros

Corinne Kefes

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération