Le 18 août 1944, quelques semaines après le débarquement allié, un appel à la grève générale est lancé, notamment par l’ancienne CGT, ancêtre de la CGT-FO, pour libérer Paris du joug nazi. Le lendemain, le Conseil national de la résistance (CNR) décrète l’insurrection nationale. Des barricades sont dressées dans les rues de la capitale. Le 19 août, armes à main, les militants libèrent la Bourse du travail, fermée depuis la défaite de 1940 et la dissolution des syndicats par le régime de Vichy. Ils en chassent les syndicats officiels liés à Pétain qui occupaient les lieux.
Une commémoration de cette libération a été organisée le 28 août par la commission administrative de la Bourse du travail et les unions départementales de Paris. Peu de témoins sont encore de ce monde et nous avons un devoir de mémoire
, a rappelé Jacques Borensztejn, secrétaire général de la Bourse du travail et trésorier de l’UD FO, qui voit aussi dans cette période des leçons à tirer pour les combats actuels
. Si cette cérémonie marque traditionnellement la rentrée syndicale, il a rappelé que les combats n’avaient pas vraiment connu de répit cet été.
Dans son intervention au nom de FO, Nora Nidam, secrétaire du syndicat FO des organismes de Sécurité sociale et membre de la commission exécutive de l’UD FO 75, a porté un message pour la paix dans le monde. Elle a également rappelé l’importance de satisfaire les revendications des travailleurs sur le modèle de la bataille menée par nos anciens, qui savaient que sans pain, pas de paix, et donc pas de liberté.
Les principales conquêtes sociales arrachées après la Libération
Au-delà de la libération, les militants de l’époque voulaient aussi construire un monde meilleur, porté par le programme du Conseil national de la résistance (CNR). C’est à l’issue de la Libération que les principales conquêtes ont été arrachées, dont la Sécurité sociale, cible de toutes les attaques aujourd’hui
, a rappelé Nora Nidam.
Ce système de protection sociale basé sur les cotisations sociales et géré par les ouvriers, selon le principe on cotise selon ses moyens et on reçoit selon ses besoins
est créé par les ordonnances d’octobre 1945, malgré un pays en ruines. La Sécurité sociale de 1945, ce sont les hôpitaux qui ne se posaient pas la question du financement, c’est aussi l’aide à l’émancipation des femmes via le financement des crèches et des PMI, ou le droit de vivre une retraite en forme à un âge décent
, a-t-elle ajouté.
La militante est revenue sur la série d’attaques portées depuis contre la Sécu par les différents gouvernements. L’un des pires coups fut porté en 1995, avec les ordonnances Juppé et la création des lois de financement de la Sécurité sociale ou PLFSS et la mise en place de l’objectif national de dépense de l’assurance maladie ou Ondam, deux mesures visant à encadrer encore plus strictement les dépenses de santé. Et depuis que l’État se mêle des affaires de la Sécurité sociale, la situation ne fait que se dégrader
, a-t-elle poursuivi. Cela se traduit par la multiplication des fermetures de centres, des hôpitaux exsangues…
Construire la mobilisation
En parallèle, le gouvernement démissionnaire poursuit ses attaques, annonçant dix milliards d’euros d’économies en 2025 alors même qu’il ne mettra pas en ouvre le budget qui n’est pas encore discuté. Attaques comme la dernière réforme des retraites dont FO continue d’exiger l’abrogation, ou la volonté de remettre en cause les arrêts maladie. Aujourd’hui plus que jamais, il faut faire nôtres les enseignements laissés par nos anciens, la satisfaction des revendications des travailleurs est le seul rempart contre la misère et la guerre
, a prévenu la militante.
Elle a rappelé que le personnel de la Sécurité sociale se mobilise régulièrement pour défendre les emplois et les centres, dans le but de garantir un service de qualité aux assurés. Aujourd’hui on doit prendre les choses en main et nous organiser pour obtenir l’abrogation de la réforme des retraites, arracher l’augmentation des salaires et des pensions, et défendre et rétablir tous nos services publics
, a ajouté Nora Nidam.
A l’issue des prises de paroles, trois chants révolutionnaires ont été entonnés par une chorale. Puis des gerbes ont été déposées sous la plaque rappelant la libération de la Bourse du travail, sur la façade extérieure du bâtiment, avant la traditionnelle minute de silence.