Impôt sur le revenu : le gouvernement se paye une tranche

Revue de presse par Michel Pourcelot

Le Premier ministre a annoncé, le 17 septembre, que « la première tranche du barème de l’impôt sur le revenu pourrait être supprimée ». Cela par le biais des propositions gouvernementales au Parlement en vue de la prochaine loi de finances pour 2015. Ce qui a suscité nombre de réactions et d’interrogations dans la presse.

La Montagne
« Le plus grand flou dominait cependant sur le périmètre exact de ces mesures : le secrétaire d’État au Budget Christian Eckert a assuré que les baisses d’impôts bénéficieraient en tout à 9 millions de foyers fiscaux, pour un montant de plus de 3 milliards d’euros. C’est cette suppression qui permettra la baisse d’impôts pour six millions de ménages (dont un million exemptés) annoncée mardi, a-t-il précisé en pointant un "haut-le-cœur fiscal" des Français. »

Les Echos
Les Français ? Lesquels ? « Ils étaient majoritaires, ils vont devenir minoritaires : avec la suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu annoncée hier par le Premier ministre, Manuel Valls, le risque est grand, pour ne pas dire certain, que, dès l’an prochain, les Français qui paient l’impôt soient moins nombreux que ceux qui n’en paient pas ». L’impôt ? Mais quel impôt ?

Le Figaro
« Alors que moins d’un ménage fiscal sur deux s’acquittera de l’IR cette année, l’impôt va devenir encore plus progressif et concentré sur un nombre plus restreint de personnes. Rappelons qu’en 2012, 10 % des ménages, ceux dont les revenus dépassent 47 000 euros, payaient 70 % de l’IR ». Et les impôts indirects, qui les payent ?

Le Monde
D’ailleurs, « certains regrettent l’absence d’une véritable réforme fiscale, visant à rendre l’impôt plus progressif. D’autant plus que, si le rendement de l’impôt sur le revenu baisse, les ménages modestes ne sont pas exemptés d’impôts indirects comme la TVA, ou de contributions comme la CSG, qui eux ne sont pas progressifs ». D’où le glissement progressif de l’impôt direct...

La République des Pyrénées
Désormais l’impôt sur le revenu « dont l’universalité et les modalités en font sans doute la contribution civique la plus lisible, sinon la plus équitable n’entre désormais plus que pour 24 % dans les recettes de l’État, soit plus de deux fois moins que la TVA qui n’est pas ce qui fait de plus juste socialement parlant ».

Le Nouvel Observateur
De toute manière, « quelque soient les gestes en direction d’un "petit plus social", comme la suppression de la première tranche d’impôt sur le revenu, on sent bien que ce n’est pas cela qui restaurera la confiance en ce gouvernement. Techniquement, en plus, c’est un peu un cautère sur une jambe de bois, alors que la réforme fiscale, la vraie, celle que l’on promettait depuis des temps devenus immémoriaux. Quoiqu’il en soit, au delà d’un effet d’annonce fortement recherché, la mesure est critiquable car elle crée un énorme effet de seuil pour des ménages qui, situés juste au dessus, sont encore de condition fort modeste. C’est la négation même de la progressivité de l’impôt ». Apparemment, la question a été tranchée.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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