Indre-et-Loire : l’appel à la mobilisation pour les retraites

Congrès d’UD par Valérie Forgeront, Roxane Idoudi

Quelque 450 personnes se sont réunies le 28 novembre dernier à la maison des syndicats de Saint-Avertin (dans la banlieue de Tours) en Indre-et-Loire pour le XXXVe congrès de l’Union départementale FO. Présidé par la secrétaire confédérale, Roxane Idoudi, ce congrès auquel participaient cent délégués (représentants 70 syndicats) a vu la réélection de Grégoire Hamelin à un troisième mandat de secrétaire général de l’UD. A quelques jours du démarrage de la mobilisation pour les retraites, le congrès a quasiment consacré tous ses débats à ce dossier, jusqu’à remplacer la réalisation d’une résolution générale par un « appel à la mobilisation ».

En amont de la mobilisation du 5 décembre pour la défense des retraites, les congressistes FO d’Indre-et-Loire ont très largement évoqué, le 28 novembre, le projet de régime unique par points, projet contesté, notamment par FO. Le 5 décembre, à l’appel de l’intersyndicale du département (comptant les mêmes syndicats, dont FO, qu’au plan national) 15 000 personnes manifestaient d’ailleurs à Tours. Le 11 décembre, quelque 8 000. Le 12 décembre, un millier. Et dès cette date, en Indre-et-Loire, l’intersyndicale appelait à des actions les 14 décembre et 17 décembre.

Dès le 12 décembre encore, au lendemain des annonces faites sur les retraites par le Premier ministre, les syndicats initiateurs des grèves et des manifestations constataient en Indre-et-Loire que le gouvernement s’obstine sur son projet de régime unique à points et ne veut pas prendre la mesure de la mobilisation exprimée par les salariés en grève. Au contraire, les annonces d’Édouard Philippe confirment que le projet du gouvernement conduirait à un recul des droits par la baisse programmée des pensions de tous les salariés du privé comme du public et l’obligation de travailler plus longtemps. Les organisations appelaient ainsi plus que jamais à renforcer la mobilisation par la grève et sa reconduction quand les salariés le décident et par les manifestations.

Et la mobilisation des salariés du privé était massive dans le département se réjouit Grégoire Hamelin. A titre d’exemple, les salariés du site SKF de Tours (1 300 salariés), ceux d’Armatis LC (Centre d’appel de 600 salariés. Pour sa première élection, la jeune section FO est arrivée en tête au CSE) ou encore les salariés de la base logistique de l’enseigne système U étaient présents, en force, dans les manifestations. Ils ont pris part tout aussi massivement aux grèves.

La situation difficile des emplois

Signe de l’importance de la contestation sur les retraites, lors du congrès de l’UD – au cours duquel les rapports d’activité et de trésorerie ont été adoptés à l’unanimité – les délégués n’ont pas rédigé une résolution générale mais un « appel à la mobilisation » contre le projet de réforme, à partir du 5 décembre.

Il s’agissait ainsi de souligner que le combat contre le projet est bien la préoccupation n°1 actuellement pour les travailleurs. Cela a d’ailleurs pu être constaté lors des interventions (une trentaine) des délégués devant le congrès. Tous, qu’ils soient issus du secteur public ou du secteur privé ont dit tout le mal qu’ils pensent d’une réforme qui entraînerait notamment la baisse des pensions et l’allongement contraint de la durée du temps d’activité.

Pour ce combat pour les retraites et plus largement pour l’ensemble des dossiers sociaux à défendre, l’UD entend plus que jamais poursuivre le développement des implantations FO en Indre-et-Loire. Au cours du dernier mandat se félicite Grégoire Hamelin, une trentaine de syndicats ont été créés et un gain de 2 000 timbres a été enregistré. Ce qui monte à 32 000 le nombre de timbres FO dans le département. L’UD entend aussi préserver le dynamisme dont elle fait déjà preuve. Ainsi, sa commission exécutive qui vient d’être renouvelée de près de la moitié de ses membres accorde une large place aux jeunes se réjouit le secrétaire général de l’UD.

Lors du congrès, si, bien sûr, les délégués ont souligné leur inquiétude sur la question de la réforme des retraites, ils ont aussi pointé les difficultés sociales à l’échelon de ce département essentiellement doté de TPE et de PME. Les difficultés sont relatives en particulier à l’emploi et aux salaires.

Ainsi dans ce département (600 000 habitants) qui compte actuellement 59 000 demandeurs d’emploi, soit 4000 de plus qu’il y a quatre à cinq ans déplore Grégoire Hamelin notant que le taux d’industrialisation a encore diminué, désormais à 13%, les salariés de certaines entreprises sont aux prises avec des plans de suppressions d’emplois.

Dans la zone nord de Tours, chez SES (FO premier syndicat avec près de 45%), fabricant de panneaux de signalisation et appartenant au groupe Colas, les salariés (en majorité âgés de plus de cinquante ans) viennent d’apprendre la fermeture du site d’ici quatre mois et donc la liquidation de 93 emplois. Des actions de protestation ont été organisées sur le site. Dans le cadre de la négociation du PSE, FO se bat pour le maintien du site et de ses emplois. Le syndicat s’inquiète aussi pour l’avenir d’un autre site SES explique Grégoire Hamelin. En effet, la fermeture de SES Tours-nord risquerait d’impacter le site SES de Chambourg-sur-Indre (cent salariés), l’organisation de la production de ces deux sites étant liée.

Les bons résultats des syndicats FO

Lors de leurs interventions devant le congrès, les délégués ont évoqué aussi la dégradation des conditions de travail à La Poste déjà victime de nombreuses fermetures d’agences, la situation critique des hôpitaux et de leurs personnels inscrits depuis des mois dans un mouvement visant à obtenir de vrais moyens pour la Santé et non de simples saupoudrages de crédits qui plus est par redéploiements… Ils ont évoqué aussi la diminution des moyens syndicaux par l’arrivée des CSE. Ainsi déplore Grégoire Hamelin, les moyens ont fondu. Chez SKF par exemple, la mise en place du CSE a fait perdre douze délégués et 300 heures de délégation.

Le congrès a été aussi l’occasion de constater la bonne santé des syndicats FO, au plan de leur représentativité, dans le département.

Ainsi, chez Mécachrome (produits de pointe pour l’aéronautique, l’automobile et l’industrie) à Amboise, FO est passé leader, augmentant son score de près de dix points depuis la dernière élection en 2014 en remportant 41,7% des suffrages.

Dans le département, l’organisation FO (qui était 1re dans la fonction publique en 2014 et attend toujours la finalisation des résultats pour les élections de décembre 2018) est en tête dans le secteur de la police ou encore est la seule organisation représentative à l’Éducation. Le SNUDI-FO (syndicat national unifié FO des directeurs, instituteurs et professeurs des écoles) a passé la barre des 306 adhérents note Grégoire Hamelin. Le SPASEEN-FO (syndicat des personnels administratifs des services extérieurs de l’Éducation nationale) a quant à lui triplé le nombre de ses adhérents se réjouit encore le secrétaire général de l’UD-FO.

Développement : les bonnes vieilles méthodes qui ont fait leurs preuves

Tant pour son développement que pour la mobilisation des salariés notamment pour le combat sur les retraites, l’UD d’Indre-et-Loire est fière d’appliquer les bonnes vieilles méthodes consistant à réunir les gens, leur parler, aller distribuer des tracts…

L’UD-FO qui veut être un outil est ouverte du lundi au samedi, s’est dotée d’un service juridique (œuvrant notamment en droit du travail) et organise cinq stages par an de découverte syndicale. Tous nos sous vont à l’action militante résume Grégoire Hamelin. Récemment, l’UD a participé à la distribution d’un document explicatif de quatre pages sur les retraites, réalisé par l’intersyndicale d’Indre-et-Loire et tiré à 18 000 exemplaires.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

Roxane Idoudi Ex-Secrétaire confédérale au Secteur du Développement de l’Organisation