Une concertation en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes a été lancée par la ministre du Travail ce 27 septembre 2016. Ouverte aux interlocuteurs sociaux et aux organisations de jeunesse, elle devait permettre de faire un diagnostic de l’ensemble des dispositifs. La concertation s’est déclinée selon une série de séances de travail thématiques, animées par France Stratégie et la DARES. FO s’est activement investie dans cet état des lieux, et nos demandes ont été prises en compte dans le rapport final présenté ce 24 janvier 2017. Disponible en ligne, ce rapport s’interroge sur la spécificité de la situation des jeunes sur le marché du travail, leurs difficultés d’insertion (notamment les freins « périphériques ») et dresse aussi un bilan des dispositifs favorisant l’insertion professionnelle des jeunes.
Le ministère devait en principe revenir vers les organisations syndicales et patronales représentatives suite à la production du rapport, avec un document d’orientation préalable à la négociation nationale interprofessionnelle. Ce document d’orientation n’a toujours pas vu le jour : la fin d’une concertation en queue de poisson ? Par manque de courage politique, les employeurs n’y étant pas favorables, aucun document d’orientation n’a jusqu’ici été fourni par le ministère. A la place, il nous a demandé de participer à un « document de synthèse », dont on ne connaît toujours pas la teneur. C’est sur cette base que devaient pourtant être engagées une négociation ou plus vraisemblablement, une concertation pour aboutir à un « relevé de conclusions »… Un imbroglio procédural sans engagement ferme dans la négociation, donc.
La négociation collective participe de l’ADN de Force Ouvrière. Sur le sujet de l’insertion des jeunes, nous étions ouverts à une négociation entre les interlocuteurs reconnus par le Code du travail, sur la base d’un document d’orientation ministériel. Voilà nos revendications prioritaires sur ce terrain :
Donner aux jeunes les clés d’une insertion dans l’emploi durable.
Aujourd’hui, 24,7% de la population active jeune est au chômage. Ce taux a été multiplié par 4 en 40 ans. Les débuts de carrière des jeunes sont fragmentés (succession de stages, chômage, CDD, etc.), leur insertion dans l’emploi se fait de plus en plus en contrats courts (pour plus d’un tiers d’entre eux). Cette précarité impacte directement leur accès aux droits.
A ce titre, FO demande à ce que l’emploi de qualité soit un déterminant transversal des politiques industrielles et de l’emploi. Il faut s’assurer que la norme juridique dans les relations de travail salariées demeure le CDI. Cette garantie permet d’assurer une égalité de traitement pleine et entière entre tous les travailleurs, indépendamment de leur âge, origine sociale, niveau de qualification, etc.
Cette insertion dans l’emploi n’existe pas sans droit du travail effectif. Nous demandons une pleine application du droit du travail aux faux-indépendants (clin d’œil aux jeunes travailleurs Uber ou Deliveroo…) ; une application complète des droits d’abondement du CPF pour les moins qualifiés et les jeunes décrocheurs.
D’autres mesures générales doivent être prises en urgence : l’introduction d’un mécanisme de bonus/malus sur les contrats courts ; ou encore le déconditionnement du RSA dont l’accès est aujourd’hui familialisé.
La poursuite des contrats aidés et de l’accompagnement individuel renforcé : une nécessité en temps de crise
Les contrats de génération doivent être continués : ils facilitent l’insertion durable des jeunes dans l’emploi et l’accès à un CDI, favorisent l’embauche et le maintien dans l’emploi des seniors et assurent la transmission des savoirs et des compétences. C’est un dispositif sécurisant pour les deux parties via l’aide financière prévue pour l’employeur en cas d’embauche d’un jeune de moins de 26 ans en CDI et de maintien dans l’emploi d’un salarié senior.
Les ANI jeunes de 2011 signés par FO ont permis l’expérimentation de la méthode de l’accompagnement individuel et renforcé. Elle a fait ses preuves avec un taux d’accès de 67% à l’emploi et 45% de retour à l’emploi ; une diminution des inégalités entre ZUS et non ZUS et également entre diplômés et non diplômés. Pôle emploi a même repris cette méthodologie avec l’accompagnement intensif des jeunes ! Il est donc urgent d’offrir au dispositif un financement public pérenne.
Revaloriser les stages et l’apprentissage
L’indemnité de stage avait été légèrement stimulée en début de quinquennat : il faut faire davantage, notamment pour les apprentis. FO demande toujours la pleine revalorisation du statut et de la grille de rémunérations des apprentis. Aujourd’hui, un apprenti de moins de 18 ans ne perçoit que 511 euros par mois ! Alors que ce type d’alternance est largement plébiscité et qu’il a un coût très faible voire nul pour l’employeur (le coût pour l’employeur se situe entre 10 % et 69 % d’un Smic en équivalent temps plein), le statut et la rémunération de l’apprenti sont très fragiles ; le taux de rupture des contrats d’apprentissage toujours massif (25% des contrats d’apprentissage sont rompus avant leur terme) et la valorisation du maître d’apprentissage encore insuffisante…
Force Ouvrière fait de l’emploi des jeunes une priorité. Elle reste ouverte à la négociation collective sur ce sujet, dans un cadre paritaire, national, représentatif.