IXe assemblée générale de l’UCR-FO : des retraités déterminés à obtenir satisfaction

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

Discours du Secrétaire général Yves Veyrier à l’Assemblée générale de l’UCR FO à Marseille le 12 mai 2022.

Pour leurs pensions et l’amélioration de leur pouvoir d’achat, pour la santé, pour la solidarité intergénérationnelle, pour de vraies mesures de prise en charge de la dépendance dans le cadre de l’assurance maladie et non une 5e branche financée par l’impôt, pour l’amélioration du fonctionnement et des moyens des Ehpad et donc de l’accueil des résidents, plus largement pour la défense de la Sécurité sociale basée sur le salaire différé (soit les cotisations)... Les retraités de l’Union confédérale FO (UCR-FO) sont plus que jamais mobilisés et, notamment par une résolution adoptée à l’unanimité ou encore trente interventions de délégués à la tribune, ils l’ont démontré lors de la IXe assemblée générale qui se tenait les 11 et 12 mai à Marseille, en amont du congrès confédéral.

Quelque 160 retraités étaient réunis pour la IXe Assemblée générale (AG) de l’UCR-FO les 11 et 12 mai à Marseille. L’instance s’est tenue en présence du trésorier de l’UCR-FO, Patrick Privat, du secrétaire confédéral Michel Beaugas chargé notamment du secteur des retraites. L’AG a reçu aussi la visite du secrétaire général de la confédération, Yves Veyrier. Une AG particulièrement revendicative. L’instance qui a vue l’élection d’un nouveau secrétaire général adjoint, Paul Barbier, remplaçant à ce mandat Didier Hotte, s’est élevée vigoureusement contre le décrochage des pensions des retraités (17,8 millions), dont un million sont déjà des retraités « pauvres ». Ce mouvement de décrochage a commencé en 1987 avec l’ordonnance Balladur, soit la décision alors de l’exécutif, de ne plus indexer les retraites sur le salaire moyen mais sur les prix. Une mesure qui sera maintenue dans le temps.

Les séniors ont perdu plus de 20% de leur pouvoir d’achat en quinze ans, et depuis 2014, la perte représente un mois de pension par an, entre autres par la multiplication de mesures fiscales telle la hausse de 1,7 point de CSG, exposait Didier Hotte dans le rapport d’activité de l’UCR (voté aussi à l’unanimité tout comme le rapport de trésorerie). L’Union FO, qui a seize journées d’actions à son actif depuis ces dernières années, demande le retour à l’indexation des pensions sur l’évolution du salaire moyen. Car les retraités ne sont pas des nantis, pour le moins. Ainsi s’indignait le secrétaire général de l’UD-FO des Bouches-du-Rhône, en ouverture de l’Assemblée générale, ce gouvernement (de Jean-Castex, Ndlr) a quand même dit que les retraités aisés, sont ceux qui perçoivent 1 200 euros !.

Et Franck Bergamini de souligner au passage, qu’en cas de nouveau projet de réforme des retraites attaquant les droits, actifs, retraités, public, privé... on ne laissera pas faire ! Et votre soutien aux actifs sera aussi déterminant. Il faut passer le message que rien n’est inéluctable.

Agostino Siciliano, il faut continuer à se battre !

Des propos sur le droit à la retraite relayés par l’italien Agostino Siciliano, secrétaire général de la Ferpa, la Fédération européenne des retraités et des personnes âgées dont FO est membre. il faut continuer à se battre pour défendre la qualité de vie des retraités. Il y a 100 millions de retraités en Europe et ils veulent préserver leur niveau de vie. Il faudrait un système de pensions minimum au niveau européen. Nous en avons marre de l’austérité au niveau européen ! Il faut relancer le pouvoir d’achat, intervenir sur les logements des retraités pour les adapter, pour améliorer la qualité de vie... Les droits des anciens sont universels et nous nous battrons pour les faire respecter ! La CES et la Ferpa avait apporté leur soutien aux travailleurs français lors du mouvement de grève contre le projet sur les retraites en 2019 et 2020.

L’UCR-FO demande en urgence un rattrapage de pouvoir d’achat, soit la revalorisation des pensions, soit 4,5% avec rattrapage depuis le début de l’année. Au 1er janvier, les pensions n’ont augmenté que de 1,1% et en 2021, la hausse était quasi nulle, avec +0,4%. Ce n’est pas l’aumône d’un chèque énergie de 100 euros qui peut résoudre le problème du pouvoir d’achat ont souligné nombre de délégués. Les fins de mois sont difficiles pour de nombreux retraités.

Nous ne laisserons pas opposer les retraités et les actifs

Quant à la retraite à 1 100 euros minimum, promise » par Emmanuel Macron pendant la campagne électorale pour les présidentielles, elle ne concernerait que 600 000 personnes, soit, même pas la totalité de retraités pauvres !, s’insurgeait Didier Hotte. «  C’est une manipulation. On a en effet appris que cela serait obtenu grâce au décalage progressif de l’âge légal de départ en retraite, soit à 65 ans. Donc un chantage, vous obtiendrez cela mais que si les actifs travaillent plus longtemps ! En clair, les retraités serviraient encore de caution à une mesure gouvernementale. Ça suffit ! Nous ne serons pas les boucs-émissaires de mesures de restrictions sociales ! Et nous ne laisserons pas opposer les retraités et les actifs. Au contraire, nous sommes solidaires des camarades qui se battent pour leurs statuts, pour leurs conventions collectives, pour leurs salaires, pour leurs conditions de travail.

FO et les autres organisations de retraités (le Groupe des 9 initié par FO et créé en 2014) se sont adressées aux candidats à la députation à travers un questionnaire qu’elles leur ont soumis afin de connaître leurs positions vis-à-vis des revendications. Parmi les sept questions (sur la santé, le pouvoir d’achat, les Ehpad et l’aide à domicile, les services publics et l’écoute portée aux retraités) : Êtes-vous prêts à prendre des mesures pour un rattrapage du pouvoir d’achat perdu depuis 2014 et pour éviter que cette dégradation programmée se poursuive ? ou encore Êtes-vous favorable à l’annulation de la hausse de la CSG ? Êtes-vous pour la mise en place d’une assurance maladie financée par les cotisations sociales ?. Les réponses sont attendues...

Exonérations de cotisations sociales : rendons cet argent à la Sécu !

Nos retraites rappellent fermement les membres de l’UCR-FO sont un droit acquis par nos cotisations, ce ne sont pas des assurances sociales et ils entendent bien qu’elles soient préservées et améliorées, tandis que révèle lui-même le COR (Conseil d’orientation des retraites), le déficit du régime de retraites est largement moindre qu’annoncé. Ce déficit est lié en grande partie aux effets de la crise et à l’effondrement de la croissance pendant la pandémie. Hors de cette conjoncture, le régime des retraites serait quasiment à l’équilibre.

Il y a donc là encore manipulation de la part de ceux qui en veulent à nos systèmes de retraite, publics et privés insistait Didier Hotte. Leur argument est de dire que nos régimes, qui seraient injustes —l’exécutif explique ainsi la visée de la suppression des régimes spéciaux—, seraient condamnés par l’évolution démographique. Et ils invoquent aussi le déficit...

Or, souligne l’UCR FO, il convient de rappeler la situation, notamment celle relative aux exonérations massives de cotisations sociales dont bénéficient chaque année les entreprises. Une note de l’ACOSS indique ainsi qu’en 2018, le montant de ces exonérations pour le régime général a progressé de 4,9% (après +6,5% en 2017), à 37,1 milliards d’euros, ce qui représente 9,1% du total des cotisations et contributions...

Sans compter le fait que la progression de ces exonérations est bien plus importante que celle de nos pensions..., lançait avec humour Didier Hotte, rendons d’abord cet argent à la Sécurité sociale et on verra ensuite !.

Régime de retraite : Un déficit conjoncturel et en rien abyssal

En matière de déficit rappelle l’UCR-FO, il faut aller dans le détail... En 2020, les prévisions de déficit pour 2021 évoquaient 23 milliards d’euros, mais dans son rapport de 2021, le COR a dit que c’était largement surestimé et a ramené cette prévision à 18 milliards d’euros. Une différence importante considérant que les pensions représentent 320 milliards d’euros. On ne peut donc pas dire que le déficit abyssal !

Et analyse l’Union FO, il faut rappeler l’existence de réserves, via celle du fonds de réserve des retraites (FRR) créé en 1998 et qui représente un matelas de 36 milliards d’euros, sans compter, concernant les régimes complémentaires, les réserves de l’Agirc/Arrco, 68 milliards en 2021 (62 milliards d’euros en 2020). Il faut rappeler encore que la Cades (Caisse d’amortissement de la dette sociale) représentera à partir de 2024 un complément de 24 milliards d’euros et ce résultat provient d’un sacrifice demandé aux salariés (allongement de la durée de cotisation, désindexation des pensions,...).

Si l’on tient compte de ces différentes données, et en faisant un parallèle... Quelle entreprise s’estimerait en danger si elle disposait de cinq mois de trésorerie en réserve ?! martelait Didier Hotte soulignant qu’on ne peut donc que se féliciter qu’en 2020, la réforme sur les retraites ait capoté.

Un système hospitalier public au bord de l’explosion

L’UCR-FO qui s’élève contre le fait que les nouvelles pensions sont moins importantes que ce qu’elles étaient il y a dix ou quinze ans souligne donc aussi, et en totale adéquation avec la confédération, son refus de toute réforme qui concevrait un recul de l’âge légal de départ en retraite. Il faut au contraire améliorer les retraites insiste l’Union FO. Et ce ne sont pas les revendications qui manquent. Parmi celles-ci : un revenu minimum de retraite pour tous, qui ne puisse être inférieur au Smic pour une carrière complète, le maintien et l’amélioration des droits aux pensions de réversion, la suppression de la contribution additionnelle de solidarité (0,3%, Casa) en vigueur depuis 2013, acquittée par les retraités imposables et cela pour financer le coût de la prise en charge de l’autonomie...

Les retraités ont payé un lourd tribut à la crise covid, souligne aussi l’UCR-FO, en particulier les personnes résidant en Ehpad. Ils représentent la moitié des décès rappelait Didier Hotte. Rien d’étonnant donc à ce que l’Union FO exige plus que jamais des moyens pour la santé, cela alors, qu’y compris pendant cette crise, les restructurations et suppressions de lits dans le secteur public ont continué.

L’UCR-FO pointe ainsi les près de 115 000 lits supprimés en 25 ans dont 17 900 sous la dernière mandature et 5 700 en 2020 en pleine pandémie. Bilan indique-t-elle, s’il y a certes eu un Ségur de la Santé, la question des effectifs est notamment toujours posée, le système hospitalier public est au bord de l’explosion. Et c’est sans parler du problème des déserts médicaux à l’échelle du territoire.

Autonomie et grand-âge : il faudrait 200 000 personnels supplémentaires

Il faut aussi l’apport de moyens permettant d’augmenter de 20% le nombre de places dans les Ehpad d’ici 2030 (et de 50% d’ici 2050) et un recrutement massif en personnels supplémentaires pour prendre en charge l’autonomie et le grand âge. Pour l’UCR-FO, qui travaille en lien avec la fédération SPS-FO sur le sujet, et avec des revendications communes, il faut que cesse cette logique de profit, de retour sur investissement pratiquée par certains Ehpad (7 500 établissements dont un quart sont à gestion privée commerciale, Ndlr). Qu’ils cessent d’être des machines à cash, car on a vu ce que cela pouvait induire comme maltraitance ! Référence à ce qu’a révélé le livre Les fossoyeurs, une enquête journalistique qui a mis au jour des pratiques édifiantes dans le groupe privé Orpéa.

Là comme ailleurs, l’UCR-FO souligne ainsi que l’on est loin du ratio un soignant pour un résident prôné en 2006, on serait plutôt à 0,5 ou 0,6 soignant pour un résident. Et fulminent les membres de l’UCR-FO nos gouvernants feignent de s’indigner d’un désastre institutionnel alors que depuis des années on a vu des rapports s’empiler —Libault, Iborra, Igas, Sénat—. Or, tous ces rapports ont conclu à l’insuffisance des moyens et de personnels dans les établissements de retraite. Ils notent qu’il faudrait 100 00 professionnels en plus et un apport de 9 à 10 milliards pour le secteur, établissements et aide à domicile. Nos camarades FO du secteur de la Santé nous disent qu’il faudrait 200 00 personnels en plus pour prendre correctement en charge l’autonomie et le grand-âge.

L’AG de l’UCR a apporté tout son soutien à la grève et à la manifestation organisées par le Groupement régional Pays de la Loire de la FSPS FO, à Nantes devant l’ARS le 14 juin.

La 5e branche, financée par l’impôt, pour FO, c’est toujours Non

Quant à tarification de ces établissements, basée sur trois postes (soins de maladie, aide à l’autonomie et hébergement), c’est l’hébergement qui est à l’origine des restes à charge, que l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) ne suffit pas à compenser. C’est bien pour cela notamment que l’UCR demande la prise en charge des Ehpad et de l’autonomie en général par l’Assurance maladie.

Plus largement insistent de longue date les retraités, la création d’une 5e branche (loi d’août 2020) n’est pas la solution à la problématique de l’autonomie et du grand-âge. D’abord, sur la base du rapport Vacher, lequel a inspiré le texte de loi, est préconisé la création d’une journée supplémentaire de solidarité pour les actifs ce qui risquerait d’impacter le taux de contribution de la Casa, payée par les retraités... Est préconisée aussi une nouvelle hausse de la CSG pour la porter au même niveau que celle des actifs, soit au-delà de 8,3%, et enfin une réduction de l’abattement fiscal (actuellement de 10%) sur les revenus des retraités... Bref, c’est la totale et dans ces propositions, le gouvernement peut faire son choix ! s’insurge l’UCR-FO.

Les retraités ne sont donc pas pressés de voir arriver la loi Grand-Age, et l’UCR-FO fustigeant une 5e branche financée essentiellement par une fiscalité pesant sur les retraités. On ne voit pas pourquoi les entreprises seraient dispensées de leurs responsabilités dans l’état de santé de salariés âgés !.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération