Entre autres replacé dans le cadre de la situation des jeunes vis-à-vis de l’emploi, le projet de réforme des retraites suspendu à l’arrivée de la crise et dont FO, notamment, demande toujours l’abandon, montrait déjà toute son aberration. Et c’était sans compter avec les difficultés sur l’emploi exacerbées par la crise. Concevoir un calcul de la pension basé sur l’ensemble de la carrière, reviendrait à exiger des travailleurs, et plus particulièrement des jeunes, qu’ils travaillent plus longtemps.
En voulant appliquer cette réforme à la génération née en 1975, ce sont justement les jeunes générations, plus précaires, qui sont ciblées. Alors que l’âge moyen du premier CDI se situe désormais autour de 30 ans et que les contrats courts s’accumulent en début de carrière, une telle réforme revêt d’autant moins de sens dans le contexte actuel de l’emploi.
21,8 % des jeunes de moins de 24 ans sans emploi
En 40 ans, le taux de chômage des moins de 25 ans a grimpé de 18 points. Plus souvent concernés par des contrats courts (54 % des 18-24 ans en 2018), ces jeunes dépendent davantage des variations conjoncturelles : à chaque crise économique, ils sont les premières victimes, comme l’a encore montré la crise du Covid. Pour l’année 2020, le taux d’emploi des jeunes de 15 à 24 ans a reculé d’1,2 point, alors qu’il n’a diminué que de 0,4 point pour les 25-49 ans.
D’autres chiffres encore sont saisissants : au 3e trimestre 2020, 619 000 jeunes actifs de moins de 24 ans étaient sans emploi (soit 21,8% de ces jeunes). C’est 16 % de plus qu’à la même période l’année précédente.
Déjà en 2018, un taux de pauvreté de 12,5% chez les jeunes
Les jeunes générations connaissaient déjà des difficultés financières importantes, car précarité de l’emploi et pauvreté sont bien sûr liées. Et la crise est venue impacter durement les jeunes, voire amplifier leurs difficultés. Ainsi 32 % des 25-34 ans déclarent une baisse de revenus au premier trimestre 2021, contre 22 % pour l’ensemble des ménages, note l’Insee. De son côté, le Conseil d’analyse économique qui a analysé les relevés bancaires des clients du Crédit Mutuel note que les jeunes entre 20 et 25 ans ont subi une chute de 5% à 10% de leurs revenus depuis août 2020. Les images dramatiques des files d’étudiants et d’étudiantes faisant la queue pour accéder à l’aide alimentaire, si elles ne reflètent pas la situation de l’ensemble de la jeunesse, témoignent des effets du désavantage structurel de cette catégorie
, souligne dans son rapport le Conseil national de lutte contre la précarité et l’exclusion sociale (CNLE).
La crise a agi comme un accélérateur de la pauvreté mais aussi comme un révélateur en mettant en lumière une situation qui est loin d’être nouvelle. Entre 2002 et 2018, le taux de pauvreté des 18-25 ans est ainsi passé de 8% à 12,5 %, remarque l’Observatoire des inégalités dans son 2e rapport, publié en novembre dernier. Cela s’explique par la durée des études, une insertion professionnelle chaotique, de faibles revenus… Mais aussi par une absence de protection sociale.
Les 18-24 ans constituent la principale faille de notre système de protection sociale
, de fait de leur exclusion du RSA, soulignait Louis Maurin, le directeur de l’Observatoire.
Ouvrir le RSA aux 18-24 ans
Plusieurs fois évoquée durant la crise, et même avant, la question de l’ouverture du RSA pour les jeunes âgés de 18 ans continue de faire débat. Si une proposition de loi allait aussi dans ce sens, le gouvernement semble pour l’instant privilégier le plan « 1 jeune 1 solution », qu’il a mis en place.
Ce plan s’appuie essentiellement sur le financement public d’aides aux employeurs pour l’embauche de jeunes, de l’apprentissage et de l’alternance. Mais trop de jeunes aujourd’hui et notamment des étudiants rencontrent de nombreuses difficultés : pour se loger, pour se nourrir…
, soulignait FO dans un communiqué le 3 mai, demandant également l’accès au RSA pour les moins de 25 ans.