Journées du patrimoine... en péril ?

Culture par Michel Pourcelot

Ce week-end des 15 et16 septembre ont lieu les annuelles journées du patrimoine. A l’heure où la politique de réduction des dépenses publiques en met une grande partie en danger.

La situation est telle que l’on en est à organiser une loterie pour sauver le patrimoine français en péril, soit solliciter un peu plus le particulier, à l’heure où un projet de loi diminuant le contrôle de l’État sur les chantiers inquiète ses défenseurs (Le Monde, 14 septembre 2018). Parmi les inquiets figure le M. Patrimoine français, le très médiatique animateur de télévision Stéphane Bern, nommé en 2017 par le chef de l’exécutif. Sa mission : recenser notre patrimoine culturel qui n’est pas en état (quelque 2 000 sites en danger répertoriés), mais aussi réfléchir à des moyens innovants de financer ces restaurations, dans les mois et années qui viennent. Ce qui peut se traduire par compenser le désengagement de l’État dans la préservation du patrimoine puisque ce même État pense plus à la préservation les sacro-saints 3% de déficit public.

Privatisations...

Bien sûr les regards se tournent vers le privé, déjà très investi dans l’art défiscalisé. A quand une aile LVMH au Louvre ? Depuis des années, les monuments historiques, étranglés par le manque de ressources, ont pris un virage Disneyland, pour les plus célèbres, au risque d’abimer les lieux lors de privatisations des lieux, souvent pour des grandes entreprises. Le petit et le moyen patrimoine, quant à lui, se détériore d’année en année. Les communes, qui en sont généralement propriétaires, asphyxiées par la baisse des donations de l’État, n’ont plus les moyens d’entretenir des bâtiments séculaires ou des sites archéologiques fragiles. Or, 50% du patrimoine sont dans des communes de moins de 2 000 habitants, selon, M. Patrimoine, dont le Loto, en fait un jeu à gratter, lancé le 3 septembre et concernant 270 projets seulement, est fort. Certains conseillent de verser directement à la Fondation du Patrimoine, une grande partie de sa recette n’aboutissant pas. Le fait est confirmé par le journal Libération à qui la Française des jeux a confirmé que 10% du ticket à 15 euros ira directement au fond pour la restauration des bâtiments (1,52 euro, précisément). Par ailleurs, l’État récupérera 7% de taxes obligatoires. Une Française des Jeux qui a été placée, dans la loi Pacte, sur la liste des privatisations.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante