Kairos : l’expression de l’intériorisation du drame grec

Théâtre par Michel Pourcelot

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La nouvelle « pièce d’actualité » présentée, jusqu’au 13 avril, par le théâtre de La Commune d’Aubervilliers, aborde, loin de toute vision documentarisée, la crise grecque vue de l’intérieur.

Le théâtre grec antique a accouché du théâtre occidental mais qu’a provoqué le drame économique de la Grèce moderne. C’est toute l’opportunité de la pièce Kairos, présentée au Théâtre de la Commune, à Aubervilliers, jusqu’au 13 avril. Elle fait partie des « pièces d’actualité », manières nouvelles de faire du théâtre : « mêlant parfois professionnels et amateurs, elles font du théâtre l’espace public de nos questions ». Kairos est la sixième du genre. Elle a été conçue et réalisée par Bruno Meyssat, auteur de la pièce 15%, qu’il présentait comme « une tentative de représentation des mécanismes financiers et des passions humaines qui s‘y engagent ». But : transformer « une abstraction tangible (un rapport économique et ses conséquences) en séquences qui offrent au regard de tous l’occasion de se souvenir et de s’étonner ». Bref, échapper à l’écueil documentaire.

Le moment grec : crucial

Même chose pour Kairos (mot grec évoquant l’opportunité du temps face à sa linéarité). Car pour Meyssat, la « crise » grecque est un « moment crucial, où la réflexion, l’invention et les décisions qui doivent s’y prendre nous engagent tous ». Sur scène, chaque comédien « est conduit à subjectiver les enjeux de cette crise pour sa vie, pour nos vies ».

Qu’est-ce que les événements politiques, économiques et sociaux provoquent en nous ? Ainsi, « qu’il soit professionnel ou amateur, chaque comédien au plateau est conduit à subjectiver les enjeux de cette crise pour sa vie, pour nos vies ». Et comme l’a écrit l’historien Olivier Delorme dans Les Grecs contre l’austérité (Ouvrage collectif. Ed. Le Temps des Cerises) : « un jour, il faudra faire l’histoire du démontage par l’Europe de l’État social et de la démocratie - un démontage dans lequel "le moment grec" apparaîtra crucial ».


Kairos , pièce conçue et réalisée par Bruno Meyssat, interprétée par Yassine Harrada, Julie Moreau, Mayalen Otondo, Elisabeth Doll et Chryssoula Anastassiadou.
du 31 mars au 13 avril 2016, au Théâtre de La Commune, 2 rue Édouard Poisson 93001 Aubervilliers.
M° Aubervilliers-Pantin Quatre Chemins (navettes retour gratuites) mar. et mer. à 19h30, jeu. et ven. à 20h30, sam. à 18h et dim. à 16h.
Durée : environ 1h20. Tarif : 23 €. Réduits : 18 € + 65 ans. 12 € - 30 ans, habitant Seine Saint-Denis, demandeur d’emploi, intermittent ; 9 € - 18 ans, étudiant ; 6 €- 12 ans, non imposable.
Tél. : 01 48 33 16 16. Site internet : lacommune-aubervilliers.fr
Mardi 5 avril : rencontre avec l’équipe artistique, en présence de Michel Husson (économiste, membre des économistes atterrés de la Commission pour la vérité sur la dette grecque) et Panagiotis Grigoriou, universitaire grec, auteur de La Grèce Fantôme (Fayard, 2013).
Mercredi 6 avril : à l’issue de la représentation (21h), discussion sur les enjeux de la « crise » grecque avec Frédéric Lordon (économiste, membre des économistes atterrés et de la Commission pour la vérité sur la dette grecque).

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante