Kyoto Forever 2 : pour les beaux yeux de la planète only

Théâtre par Michel Pourcelot

De la Cop aux lèvres... Une litanie : Duran, Copenhague, Lima, Varsovie, Kyoto... Aujourd’hui Paris et demain Marrakech. Autant dire que l’acidité de la pièce Kyoto Forever 2 est d’une actualité brûlante. Et le restera.

Écrite et mise en scène par Frédéric Ferrer, la pièce Kyoto Forever 2 constitue le cinquième volet des Chroniques du réchauffement, une série débutée il y a une décennie par cet auteur dramaturge, également acteur, géographe agrégé et diplômé en sciences humaines. Une pièce où Ferrer, convaincu de longue date de la nécessité de combattre les causes des dérèglements climatiques, n’en égratigne pas moins les incongruités conférentielles, pour avoir vécu de l’intérieur ces fameuses COP, Bonn et Lima en l’occurrence. Ce qui lui a permis d’interpénétrer son texte d’éléments réels comme il l’affectionne. Avec Kyoto Forever 2, il projette le spectateur au cœur de la COP 2021, un futur pas si lointain. Au sein même d’un aréopage venu des quatre coins du monde, habitué à se réunir tous les ans dans un pays différent pour lutter contre le réchauffement climatique à l’échelle de la planète. D’où pour cette pièce une vraie scène internationale : huit acteurs de nationalités différentes incarnant ces êtres désincarnés que sont experts et représentants gouvernementaux, entre accords et confrontations. Ils sont là pour exprimer idéaux ou/et intérêts mêlés, dans leur idiome (« partiellement surtitré »), en novlangue, en langue de bois (énergie renouvelable), mais aussi en français, hôte obligeant. Donnant lieu à l’humour involontaire des négociateurs englués dans le protocolaire, arc-boutés sur des mots et tendus jusqu’à l’accord final, déjà usés d’avoir déjà du s’accorder autour d’une « feuille de route permettant de se mettre d’accord sur le procédé à mettre en œuvre pour se mettre d’accord ». Mais pour Ferrer, il y est surtout question « du globe terrestre. Et de ceux qui le pensent. De ceux qui le mettent en jeu. »


Kyoto Forever 2 , de Frédéric Ferrer, avec Behi Djanati Atai, Karina Beuthe, Chrysogone Diangouaya, Guarani Feitosa, Max Hayter, Charlotte Marquardt, Délia Roubtsova, Haini Wang.
Durée : environ 1h40.
 Jusqu’au 6 décembre, Paris : Maison des métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris. Mº Couronnes. Relâche les lundis. Billetterie : 01 47 00 25 20. Tarifs de 5 à 14 €.
 8 décembre, Evry (91) : Théâtre de l’Agora, 110 terrasse de l’Agora, 91000 Évry. Tél. : 01 60 91 65 60. Tarfis de 6 à 11 €.
 11 et 12 décembre, Sénart (77) : Théâtre Sénart 9-11 allée de la Fête, Lieusaint. Tél. : 01 64 62 77 00. Tarifs de 2 à 15 €.
 09 et 10 mars 2016, Montpellier (34) : Théâtre la Vignette - Université Paul Valéry. Tarifs de 5 à 15 €.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

Sur le même sujet

[Théâtre] Vera : reine au bal des décomplexés, elle glisse

Culture par Michel Pourcelot

Portrait d’une avide ambitieuse. Vera se croit l’une des reines du bal ultra-libéral mais va se prendre les pieds dans le tapis après avoir allègrement piétiné son entourage. Elle va valser et finir en citrouille. Au Théâtre de Paris, à partir du 3 mars 2018, avec Karin Viard et Helena Noguerra.

Work in Regress : pour faire progresser le travail

Festival d’Avignon par Michel Pourcelot

Une pièce qui trouve son origine dans la série de suicides intervenue à France Télécom et qui en arrive à se pencher sur le rapport actuel au travail. Avec des témoignages en nombre, DRH, sociologues, syndicalistes... Et deux questions : le bonheur au travail est-il possible ? Peut-on changer le monde ?