L’accès aux soins mis à mal par les coupes dans la santé en Europe

Europe par Françoise Lambert

La baisse des dépenses de santé dans les pays européens touchés par la crise a limité l’accès aux soins, notamment en raison de l’augmentation du reste à charge des ménages. C’est ce qu’indique l’Insee dans une étude parue dans « France, portrait social », édition 2015. Un enseignement à méditer dans l’Hexagone, où le Parlement vient de voter un taux d’évolution des dépenses de santé historiquement bas, à 1,75 %, alors que la dynamique « naturelle » de ces dépenses approche les 4 %.

Parmi les pays les plus touchés figurent la Grèce, l’Irlande, le Portugal, et dans une moindre mesure l’Espagne, l’Italie ou le Royaume-Uni. Selon l’Insee, le ralentissement des dépenses de santé « est d’autant plus notable que, structurellement, les dépenses devraient augmenter » avec le vieillissement de la population et le coût des traitements innovants.

Renoncement à certains types de soins

La contraction de la dépense de santé a globalement été très marquée sur les postes du médicament et de la médecine de ville. Le secteur hospitalier a aussi connu « une baisse des enveloppes hospitalières », et « des réductions de salaires, du nombre de lits et des effectifs ».

Les pays européens où la dépense de santé est essentiellement financée par l’impôt, comme le Royaume-Uni, ont surtout eu recours à des coupes dans les budgets. L’Insee rappelle qu’« en Grèce ou en Irlande, les dépenses publiques n’atteignent plus en 2012 que respectivement 75 % et 82 % de leurs niveaux de 2009 » (NDLR stat. OCDE), et que l’OMS a décrié en avril 2013 « des coupes inappropriées », qui peuvent « réduire l’efficience des systèmes de santé alors que la demande […] est grandissante ».

Les autres leviers employés sont une réduction du coût des soins ou la baisse de couverture, notamment via l’instauration de franchises. La forme la plus radicale a conduit, en Irlande, « à des réductions significatives de la population couverte par l’Assurance maladie, aboutissant à une hausse de 40 % du coût des assurances privées en santé ».

Conséquence de ces coupes, le renoncement aux soins déclaré a fortement augmenté dans les pays les plus touchés par la crise, particulièrement pour les bas revenus et les chômeurs. Et un recul de l’espérance de vie en bonne santé y a été observé. 

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante