L’accès discriminatoire à l’apprentissage est un moteur important de sa performance

Étude par Nadia Djabali

© Sebastien ORTOLA/REA

L’apprentissage est-il une voie aussi excellente que cela, comme le défend bec et ongles le gouvernement ? Une étude du Céreq et de trois autres laboratoires met les points sur les « i ».

Le Centre d’études et de recherche sur les qualifications s’est penché sur le rôle des discriminations dans l’accès à l’apprentissage. Il conclut que  la prétendue “performance” de l’apprentissage en matière d’insertion professionnelle tient pour beaucoup à l’éviction des jeunes non qualifiés et issus des milieux les plus précarisés . Les apprentis sont aujourd’hui issus de milieux moins populaires  que les lycéens professionnels.

Également exclus de l’apprentissage, les filles et les jeunes issus de l’immigration maghrébine, turque ou subsaharienne. Du coup, ces jeunes sont surreprésentés dans les lycées professionnels. Permettant ainsi à l’apprentissage une insertion professionnelle qui est mécaniquement et sans grand effort supérieure à celle des jeunes issus des lycées professionnels.

Reprolétarisation

Un des ressorts de ce mécanisme très sélectif et inégalitaire : le soutien familial. Un tiers des apprentis ont pu compter sur le réseau familial et trouver une place dès la première entreprise contactée. Ce soutien consiste en des conseils sur la posture à adopter lors de l’entretien, l’achat et le choix de vêtements, l’aide au déplacement ou à la possession d’un véhicule.  Ce soutien est d’autant plus important que la présentation de soi auprès d’un maître d’apprentissage s’avère déterminante, encore plus pour les filles qui recherchent une place en esthétique ou en coiffure. 
Dans sa conclusion, l’étude évoque pour les lycéens professionnels un processus de reprolétarisation d’une fraction importante des classes populaires. 

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante