L’ADN de FO c’est aussi la solidarité syndicale internationale

Congrès confédéral 2022 à Rouen par Valérie Forgeront, Clarisse Josselin, Elie Hiesse, L’inFO militante

Marcel Crozet / ILO
Article publié dans l’action Congrès confédéral 2022 à Rouen

Ce sont des camarades du Brésil, du Maroc, d’Espagne, du Gabon, d’Afghanistan...
Par leur présence au XXVe congrès de FO, ces militants, œuvrant au sein des syndicats de leurs pays ou des organisations syndicales internationales, soulignent la solidarité entre les travailleurs de tous les continents.

FO a toujours inscrit son action dans la solidarité syndicale internationale et de longue date a tissé des liens étroits d’amitié avec les syndicats d’autres pays, en Europe et au-delà. C’est donc tout naturellement que des camarades, plus d’une quinzaine, militants dans leurs pays et pour certains dans les organisations, telle la CES (Confédération européenne des syndicats) pour Esther Lynch, la CSI (Confédération syndicale internationale) pour Mamadou Diallo, ou encore l’antenne française du BIT (Bureau international du travail, secrétariat permanent de l’OIT, agence tripartite de l’ONU) pour Cyril Cosme et Frédérique Dupuy, prennent part à ce XXVe congrès de FO.

Unis dans l’action pour les droits des travailleurs

Représentants syndicaux de l’UIL italienne, de l’UGT d’Espagne, de la FGTB belge, de la CUT brésilienne, de l’UMT marocaine, de l’UGTT tunisienne, de la Fesaci Ivoirienne, de la CNTS sénégalaise...

À l’instar de FO, ils portent tous des revendications pour améliorer les droits des travailleurs, entre autres par l’application des normes internationales du travail, notamment des emplois et des salaires décents, le droit à une protection sociale, la possibilité de négocier des conventions pour des droits collectifs, le respect de la liberté syndicale... Certains d’entre eux, aux prises dans leurs pays avec une répression syndicale féroce, et plus largement avec une privation des droits et des libertés fondamentales, tels les camarades afghans, mesurent particulièrement ce que signifie le mot liberté et l’importance d’une force syndicale collective venant en soutien. Bienvenue à eux tous.

VALERIE FORGERONT

 

Au Maroc, les syndicats obtiennent une hausse du salaire minimum

Mohamed El Wafy est secrétaire national de l’Union marocaine des travailleurs (UMT) ― première force syndicale du Maroc ― il est chargé de la communication et des relations internationales. Il est également chef de département de la postproduction chez Soread-2M, deuxième chaîne de télévision du Maroc, et coordinateur de la Fédération nationale du journalisme, de l’information et de la communication, affiliée à l’UMT.

Au Maroc comme en France, la question du pouvoir d’achat des ménages face à la flambée des prix est au cœur des revendications syndicales. Outre les conséquences de la pandémie, le pays connaît sa plus grave sécheresse depuis trente ans. Et pendant dix ans, nous avons eu un gouvernement avec qui le dialogue social n’était que de façade, explique Mohamed El Wafy.

Un accord signé le 30 avril

La contestation sociale s’est accrue début 2022. Le nouveau gouvernement, élu à l’automne, a ouvert des négociations. Un accord social tripartite a été signé le 30 avril par trois centrales, dont l’UMT et la confédération patronale CGEM. Il acte des avancées importantes : hausse du salaire minimum dans le privé et le public, alignement progressif du salaire minimum des agriculteurs sur le Smig ou encore assouplissement des conditions pour bénéficier d’une pension vieillesse.

CLARISSE JOSSELIN

 

Antônio de Lisboa Amâncio Vale : résister face aux attaques néolibérales 

Secrétaire des relations internationales à la CUT Brésil (Centrale unique des travailleurs), Antônio de Lisboa Amâncio Vale préside son Institut de coopération, qui soutient des projets de formation syndicale en Amérique latine et en Afrique. Depuis 2014, ce professeur d’histoire-géographie est également membre du conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Des mobilisations contre la politique d’austérité

Il y a un an, en amont de la plénière de sa 109e conférence annuelle, la CUT y dénonçait l’exécutif brésilien pour ses atteintes aux droits des travailleurs, de la persécution de syndicalistes aux violations des conventions 98 et 154 sur le droit de négociation collective et à se syndiquer. Depuis l’élection fin 2018 du président Jair Bolsonaro, la CUT est fer de lance des mobilisations contre sa politique d’austérité (assortie d’une réforme des retraites), de privatisations et de dérégulation du droit du travail.  Il n’y a plus de dialogue social, dénonce le militant, pour qui la solidarité syndicale internationale est cruciale face aux attaques néolibérales. Alors que l’inflation a atteint 12,13 % fin avril, sur un an, la suppression de la revalorisation automatique du salaire minimum a appauvri des millions de Brésiliens.

ELIE HIESSE

 

Esther Lynch : au cœur du combat pour la hausse des salaires en Europe

Dotée d’une longue expérience syndicale, issue du syndicat irlandais ICTU, elle est depuis 2019 secrétaire générale adjointe de la CES (45 millions de travailleurs représentés). Spécialiste notamment de la négociation collective, de la politique salariale et des questions d’égalité, Esther Lynch a entre autres mené, en 2017, une campagne européenne en ligne intitulée « Les droits sociaux d’abord ». Bien avant la pandémie et ses conséquences sociales, elle avait mené une autre campagne, intitulée « L’Europe a besoin d’une augmentation des salaires ».

La directive très attendue sur les salaires minima

Cette campagne a participé à ce que l’Union européenne place le dossier des salaires en bonne place dans son agenda politique. Une directive sur des salaires minima européens, toujours en cours d’examen, est attendue par les travailleurs dans l’ensemble de l’Europe, cela soutiendrait également la reprise, souligne la militante. Sur les vingt-sept pays de l’Union, vingt et un disposent d’un salaire minimum, treize se situant sous le seuil de 1 000 euros mensuels, et seulement six à plus de 1 500 euros. Tandis que la guerre en Ukraine entraîne une forte hausse des prix, entre autres sur le territoire européen, Esther Lynch rappelle que les travailleurs ne sont pas la cause de l’inflation, ils en sont les victimes. Ils ont donc besoin d’une hausse des salaires.

VALERIE FORGERONT

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Dans l’action Congrès confédéral 2022 à Rouen