L’AFPA, un acquis social à préserver

Les articles de L’InFO militante par L’inFO militante, Mathieu Lapprand

© Franck CRUSIAUX/REA

Par les formations qu’elle propose, l’AFPA permet à de nombreuses personnes de retrouver un emploi. FO reste mobilisée pour préserver cet outil unique, fort d’une compétence acquise au fil de soixante-dix années d’expérience, et particulièrement précieux dans cette crise.

Un conseil d’administration s’est tenu début mai, on constate un démantèlement de l’AFPA, s’alarme Nathalie Homand, secrétaire confédérale chargée de l’économie et administratrice de la structure. Des centres, des immeubles, des terrains, des hébergements sont mis en vente. On nous dit que ces lieux et locaux ne sont plus utilisés, mais c’est un patrimoine qui s’évapore alors que les besoins en formation vont être immenses après la crise de la Covid-19, poursuit-elle.

Créée en 1949 pour former des salariés à un premier niveau de qualification dans le bâtiment et la métallurgie, l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) était initialement une association qui s’est progressivement diversifiée dans de nombreux secteurs professionnels et a formé des millions de salariés. Mais, conséquence des actes de décentralisation en 2004 et de la réorganisation du service public de l’emploi en 2008 dans le cadre de la RGPP, l’histoire de l’AFPA connaît un tournant notable en 2009, l’association subissant alors une réforme d’ampleur : le transfert de la commande publique de formation aux Régions, accompagné d’une mise en concurrence sur tous ses marchés. L’AFPA n’est pas privatisée mais ses missions le sont, c’est l’ouverture du gigantesque marché de la formation professionnelle pour adultes. La régionalisation a induit une marchandisation de la formation, explique Nathalie Tondolo, secrétaire générale du syndicat FO-AFPA.

Vente à la découpe

À la suite de ces bouleversements, la structure est tout d’abord confrontée à une crise financière qui la contraint à changer son modèle économique et son organisation à partir de 2012. Puis, en 2014, un audit de la Cour des comptes recommande une réforme rapide de l’association. Elle est ainsi transformée en établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) au 1er janvier 2017. L’AFPA devient une agence. Sa direction met alors en œuvre une vaste restructuration visant la fermeture de trente-quatre sites et la suppression de 1 423 emplois, accompagnée de modifications de postes et de la création de 600 postes. L’AFPA subit toujours des restructurations. Ce sont ses restaurants qui vont être externalisés dorénavant, ce qui signifie 189 collègues transférés aux différents prestataires, explique Nathalie Tondolo. De plus l’AFPA ne recrute plus, ce qui induit une précarisation des emplois des formateurs auxquels peut faire appel la structure, mais aussi des pertes de compétences. Les formateurs aussi ont besoin d’être formés, or, déplore la secrétaire générale, actuellement cette nécessité n’est pas prise en compte pour tous les CDD. Il y a une volonté de destruction de l’outil de formation par les tutelles, décrit-elle encore.

 C’est pourquoi FO continue d’exiger des garanties pour la pérennité de l’AFPA et le retour à des financements directs de l’État pour les actions de formation, poursuit Nathalie Homand, qui rappelle le soutien indéfectible de la confédération à cette structure essentielle aux salariés pour le retour à l’emploi.

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Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante

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