L’Allemagne précarisée par les précaires ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

La détérioration continue des conditions de vie en Allemagne inquiète une presse, alarmée par un possible impact sur les élections de ce 24 septembre en Allemagne, des résultats jamais vus depuis 1949. Aperçus.

Le Journal du Dimanche
En situation de quasi-plein emploi, l’Allemagne fait figure de locomotive de l’Europe. Au prix de 7,7 millions de travailleurs précaires enchaînant les minijobs et les postes intérimaires, dont une grande proportion de femmes.

La République des Pyrénées
Malgré les performances impressionnantes de l’économie allemande –comptes publics excédentaires, chômage divisé par deux depuis l’arrivée de Merkel et qui culmine à 5%–, le taux de pauvreté a doublé en dix ans, comme le nombre de travailleurs pauvres, la précarisation va bon train et les inégalités se sont creusées. Les résultats de la modernisation du marché de l’emploi lancée il y a un peu plus de dix ans ?

Ouest France
Hartz IV, quatrième loi de modernisation du marché de l’emploi, date de 2005. Le système le plus dur d’Europe. Façonné par Peter Hartz, ancien DRH, condamné à deux ans de prison pour avoir versé des pots-de-vin chez Volkswagen. Hartz IV réduit l’indemnisation du chômage de 26 à 12 mois. Le système transforme ces indemnités en aides sociales, gérées par un unique jobcenter, fusion des anciens bureaux d’aides sociales (nos CCAS et Caf) et des agences pour l’emploi. Le chômeur ne perçoit plus 53 % de son salaire, mais une enveloppe globale d’allocations de 409 € par mois pour une personne seule. En plus, impossible de bouder une offre d’emploi, sous peine de perdre toutes les aides. Au premier refus, c’est une minoration de 30 % de l’aide ; 60 % à la deuxième, indique l’Agence fédérale du travail. De quoi inciter à accepter les mini-jobs à seulement 450 € qui offrent aussi des aides supplémentaires pour se loger et se chauffer. Et diminuer le chiffre des chômeurs. Habile ! Pas besoins de jouer sur les catégories A, B et autres.

Le Monde diplomatique
Le nez sur les chiffres, ça marche : La population allemande, appelée aux urnes le 24 septembre, n’a jamais compté aussi peu de demandeurs d’emploi. Ni autant de précaires. Le démantèlement de la protection sociale au milieu des années 2000 a converti les chômeurs en travailleurs pauvres. Comme, par exemple : Une dame, la soixantaine bien sonnée, s’approche d’un pas hésitant. Elle paraît affreusement gênée de s’afficher devant des inconnus. Sa retraite inférieure à 500 euros par mois ne lui suffisant pas pour vivre, elle touche un complément versé par son Jobcenter. Comme elle peine toujours à joindre les deux bouts, elle exerce depuis peu un emploi précaire à temps partiel (minijob) de femme de ménage dans un centre de soins, qui lui assure un salaire net mensuel de 340 euros. La « bonne santé » de l’économie est-elle à ce prix ?

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante