L’économie mondiale va mieux, mais n’est pas à l’abri d’une nouvelle crise financière

Prévisions par Nadia Djabali

Tous les signaux économiques sont au vert, affirme l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Mais de nombreux indicateurs montrent qu’une crise financière est possible alors que les marges de manœuvres pour l’absorber sont réduites.

L’économie mondiale va-t-elle mieux ? Tous les signaux sont au vert, se réjouit l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Parmi les éléments soutenant la croissance mondiale, l’organisme énumère des politiques budgétaires neutres voire expansionnistes, c’est-à-dire que de nombreux États seraient sortis des politiques d’austérité et recommenceraient doucement à creuser les déficits pour soutenir l’activité économique ; les taux d’intérêts restent à des niveaux historiquement bas, le commerce mondial reprend du poil de la bête sur la fin 2016 et le début de l’année 2017 ; la situation de l’emploi s’améliore, ce qui a des effets sur le pouvoir d’achat des ménages et les entreprises renouent avec de meilleures marges. Deux bémols toutefois, rappelle l’économiste Christophe Blot : le prix du pétrole remonte autour de 35 $ et l’euro se négocie plus cher.

Grande modération ?

Si l’environnement économique connaît une embellie, des risques et des incertitudes demeurent, s’inquiète l’OFCE. Car si la croissance retrouve un peu de couleurs, elle est assez proche de celle des années 1980-1990, donc nettement en dessous de ses niveaux d’avant crise de 2007. Avec une prévision de 3,2 % en 2017 à l’échelle mondiale et 2,1 % dans la zone euro, les experts évoquent un scenario de « grande modération ». Ce phénomène de faible croissance associé à une inflation très basse semble s’installer dans les pays industrialisés. D’où la question qui tenaille les experts : quel est le nouvel état normal de l’économie ? N’est-on pas entrés dans une phase de stagnation séculaire, c’est-à-dire dans une période prolongée de faible voire de non croissance économique comme l’indiquent un certains nombres d’études ?

Ce nouveau climat économique posera un certain nombre de problèmes, prévient l’organisme dépendant de Sciences-po, d’autant que tous les déséquilibres issus de la crise de 2007 ne sont pas complètement résorbés, notamment en termes de chômage et d’augmentation des inégalités dans les populations les plus modestes. Autre question posée par cette croissance presque molle : Comment va-t-on réduire les dettes publiques et privées, qui ont globalement augmenté depuis 2008 ? ajoute Christophe Blot.

Une bulle qui gonfle aux États-Unis

Ces dernières années les banques centrales ont racheté et rachètent à tour de bras la dette des États et, dans une moindre mesure, celle des entreprises. Par exemple, depuis 2015 la BCE a racheté aux banques et aux organismes financiers plus de 2 000 milliards d’euros de titres de dettes souveraines. Associé à des taux directeurs très bas, cette politique dite de quantitative easing ne semble pourtant pas porter ses fruits. Les banques centrales peinent à atteindre l’objectif de 2 % d’inflation qu’elles se sont fixées. Une cible presque atteinte aux États-Unis mais pas dans la zone euro, malgré la reprise économique. Du coup les banques centrales sont accusées de nourrir de nouvelles bulles. L’indice boursier américain SP500 est revenu à des niveaux plus élevés qu’à la veille de l’éclatement de la bulle internet en 2000 et de la crise des subprimes en 2007. Une situation qui pose la question d’un retour ou non d’une crise financière. Et si cette bulle éclate, quelle est la capacité du système à l’absorber ? Sachant que les marges de manœuvres et les leviers de politiques économiques sont relativement réduits.

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante