L’« illectronisme », c’est grave docteur ?

Consommation par Michel Pourcelot

Une nouvelle étude vient de mettre en lumière une véritable fracture numérique, qui, à l’heure des profits générés par la dématérialisation, met à l’écart des franges entières de la population.

100 %

C’est l’objectif de dématérialisation des démarches administratives d’ici à 2022 fixé par l’exécutif.

Les Français sont connectés, mais plus d’un tiers des 70 ans et plus ne disposent pas de connexion Internet, constate une récente étude [1] sur la problématique de l’illectronisme, transposition du concept d’illettrisme dans le domaine de l’information électronique. Selon cette étude, publiée le 25 juin 2018, 89 % des personnes interrogées possèdent au moins l’un des équipements permettant de se rendre sur Internet, contre 67 % des 70 ans et plus. Menée en février dernier par l’Institut CSA (Consumer Science & Analytics), appartenant au groupe Havas, elle a été réalisée pour le Syndicat de la presse sociale (SPS), justement connu pour s’être engagé contre l’illettrisme. Elle apparaît axée sur le gap générationnel, donnant l’impression que l’illectronisme est une maladie sénile à soigner car compromettant la rentabilité de l’e-commerce et la très profitable dématérialisation à tous crins. Ce qui semble laisser entendre que ceux qui n’utilisent pas Internet pour le moindre de leurs besoins sont en retard d’une génération.

La valeur et le nombre d’années

À la lecture de cette étude, les chiffres ont de quoi contrarier les fervents laudateurs de la dématérialisation et du e-commerce. À la question Au cours des douze derniers mois, avez-vous déjà renoncé à faire quelque chose parce qu’il fallait utiliser Internet et que vous ne pouviez/vouliez pas ?, 32 % du panel dit grand public a répondu oui. Ce n’est pas une question de génération puisque les 70 ans et plus sont même légèrement moins représentés : 31 %. La question suivante s’intéresse aux raisons de ceux qui n’utilisent pas Internet : pour 34 % d’entre eux cela revient trop cher (coût de l’équipement et de l’abonnement), les 70 ans et plus n’étant que 28 % à avancer ce motif. L’étude affirme que trois quarts des Français utilisent Internet quotidiennement, contre 43 % des 70 ans et plus. Mais il s’agit en fait d’une moyenne incluant une utilisation plusieurs fois par jour. Quand il s’agit d’une utilisation une fois par jour, par semaine ou par mois, les chiffres sont quasiment les mêmes.

 

[Zoom] L’abandonniste peut être récupérable
Selon cette étude, les abandonnistes sont des Français qui, au cours des douze derniers mois, ont renoncé à faire quelque chose parce qu’il fallait utiliser Internet et qu’ils ne le pouvaient pas. Heureusement, 54 % sont enclins à se perfectionner, et 55 % cherchent à se faire accompagner (essentiellement par leur famille).

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante