« L’ironie à l’œuvre » : le Centre Pompidou fait un sort à Klee

Evènement culturel par Michel Pourcelot

La première réelle rétrospective de Paul Klee depuis près d’un demi-siècle en France est présentée jusqu’au 1er août 2016 au centre Pompidou. « Paul KLEE, l’ironie à l’œuvre » réunit plus de deux cents œuvres de ce peintre prolifique, parfaitement inscrit dans l’évolution de l’art moderne.

Passé par la plupart des étapes de l’art au tournant du siècle, Paul Klee (1879-1940) est particulièrement représentatif de ces artistes qui avaient vingt ans au tournant du siècle et vivaient un art de plus en plus concurrencé par photographie et cinéma. La génération précédente, Van Gogh et autres Gauguin, s’étaient déjà affranchis du réalisme et avait largement ouvert la voie. Klee et ses contemporains vont rapidement brûler les étapes pour en arriver à l’abstraction juste avant la Grande Guerre. A peine plus âgé, Maurice Denis (1870-1943) écrivait, dès 1890, "qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées". Ces Français vont considérablement inspirer un groupe de jeunes artistes munichois, les futurs expressionnistes, dont font partie August Macke et Franz Marc, avec qui sympathise un certain Paul Klee, débarqué de sa Suisse natale, hésitant encore entre musique et peinture.

« L’ironie, tout un art ? »

Intitulée "L’ironie à l’œuvre", cette exposition au Centre Pompidou entend faire de l’ironie, le fil rouge de l’œuvre de Klee, alors qu’on peut tout aussi bien y voir un léger recul, une simple distanciation, découlant d’une tendance à la théorisation assez commune aux artistes de l’époque, tel Kandinsky (1866-1944), qui se trouvait à Munich avec Klee et qu’il côtoiera aussi au Bauhaus. Les quelques dessins humoristiques et pastiches présentés ainsi que quelques auto-dérisions écrites ne fondent guère une pratique quasi-philosophique de l’ironie prêtée à Klee. Issu d’un milieu professoral et musicien, Klee, comme beaucoup de ses contemporains et plus spécialement les futuristes, s’est plutôt préoccupé essentiellement des relations entre forme, couleurs et mouvement, s’intéressant à toutes sortes de spectacles, de la danse, au cirque en passant par les marionnettes, tandis que Kandinsky peignait le jazz et Severini (1883-1966) le tango. Une ambition artistique déjà soulignée par de précédentes expositions en Belgique et en Suisse mais délaissée par le Centre Pompidou. Mais qu’importe, tout le reste est peinture.

"Paul KLEE, l’ironie à l’œuvre"
du 6 avril au 1er août 2016, au Centre Pompidou, Place Georges Pompidou, 75004 Paris. Metro : Rambuteau, Les Halles, Hôtel de ville. Ouverture de 11h à 21h, sauf le mardi. Réservation : 01 44 78 12 33. Tarifs : de11 à 14 €.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante