L’OIT appelle à l’arrêt de l’austérité en Grèce

La lettre électronique @ ctualités Europe – International n°24 par Secteur International Europe

Avec l’annonce d’élections législatives anticipées le 25 janvier prochain, la Grèce revient au centre du débat économique au sein de la zone euro. Le parti Syriza donné favori prône une renégociation de la dette publique et une sortie des mesures d’austérité.

Dès l’annonce de ces nouvelles élections, la Bourse d’Athènes a perdu plus de 11%. Le FMI a suspendu son aide au pays dans l’attente d’un nouveau gouvernement. Les interventions des institutions européennes et des États membres se sont multipliées, autour d’un pilier idéologique : there is no alternative, il n’y a pas d’alternative, si ce n’est la sortie de l’euro qui aurait été évoquée par la chancelière allemande Angela Merkel pour faire pression sur les électeurs grecs. La Commission européenne a rappelé au pays ses engagements (en matière d’austérité et de « réformes ») qui ne cesseront pas avec le nouveau gouvernement – rappelant la possibilité de sanctions, tout en indiquant que l’appartenance à la zone euro était « irrévocable ».

Le 27 novembre dernier, une grève générale était organisée à l’appel des organisations syndicales. GSEE et ADEDY ont une nouvelle fois dénoncé « les mesures gouvernementales qui entretiennent le Moyen Age social, le chômage à un niveau record, les politiques qui font des travailleurs la variable d’ajustement de la crise et des déficits ». Cette mobilisation est intervenue alors que le Parlement doit entériner de nouvelles réductions de dépenses en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation.

Pourtant, beaucoup s’accordent pour dénoncer l’échec des plans de la Troïka : pas de stabilisation encore moins de diminution de la dette du pays, au contraire, elle a explosé, passant de 120% du PIB en 2007 à 172% en 2014. 

Début décembre, un nouveau rapport de l’Organisation Internationale du Travail attirait l’attention sur le risque de prolongation de la crise sociale en Grèce si des mesures de renforcement de la protection sociale, de hausse des salaires, de soutien à l’emploi et aux entreprises ne sont pas prises. Un emploi sur quatre a été supprimé depuis le début de la crise en 2008. Près de 44% des grecs sont menacés de pauvreté en 2014 contre 20% en 2008. En outre, l’étude montrait que la baisse des salaires et l’assainissement budgétaire n´ont en aucun cas mené à une reprise durable de l’économie et de l’emploi.

Guy Ryder, Directeur Général de l’OIT, appelle donc à ce que des mesures soient prises en Grèce pour endiguer la situation, dans un cadre tripartite sous l’égide de l’OIT. La stratégie de croissance proposée par l’OIT développerait à la fois des mesures d’urgence et des mesures à long terme. Parmi les mesures envisagées figurent notamment l’extension de la couverture sociale, le transfert de la fiscalité portant actuellement sur le travail, les petites entreprises et la consommation vers la propriété, l’élargissement de l’assiette fiscale. L’OIT appelle encore au rétablissement du dialogue social entre gouvernement, travailleurs et employeurs et à remédier à la fragmentation de la négociation collective pour en assurer une meilleure couverture.

Dans le cadre de la Commission d’Application des Normes (organe de suivi et de contrôle de l’application des normes) de la Conférence Internationale du Travail qui a lieu tous les ans en juin à Genève, Force ouvrière a dénoncé plusieurs fois au nom du groupe des travailleurs cette fragmentation et l’attaque directe menée contre la négociation collective et les droits du travail en Grèce. En juin dernier, la Commission d’Experts de l’OIT avait jugé le cas de la Grèce en lien avec la convention 102 sur la sécurité sociale suffisamment préoccupant pour qu’il soit obligatoirement étudié par la Commission d’Application des Normes. FO, au nom du groupe des travailleurs, avait alors dénoncé l’urgence sociale dans laquelle les mesures d’austérité avaient plongé la Grèce, dénonçant l’impossibilité d’accès aux soins notamment ou l’augmentation du taux de suicide depuis le début de la crise en 2008. FO avait alors interpellé la Commission à prendre ses responsabilités. FO a par ailleurs soutenu à maintes reprises les organisations grecques GSEE et ADEDY, dans leurs actions contre l’austérité et le démantèlement des droits sociaux.

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