La bataille des conventions collectives – 1949-1950

Histoire par Christophe Chiclet

Le bureau confédéral de FO en 1948. De gauche à droite : André Lafond, Pierre Neumeyer, Albert Bouzanquet, Rose Étienne, Robert Bothereau, Léon Jouhaux, Georges Delamarre et René Richard.

Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître. La toute jeune CGT-FO, en lançant la grève interprofessionnelle du 25 novembre 1949 sur les conventions collectives, a fait d’une pierre trois coups, faisant plier le gouvernement, le patronat et la CGT.

Une poignée d’ex-confédérés, endurcis par les combats de la Résistance, regroupés autour d’un petit homme brun, têtu et inflexible, Robert Bothereau, va relever le drapeau de l’indépendance syndicale face au pouvoir politique en prônant la fin de la tutelle étatique sur les salaires. La CGT-FO n’a pas encore deux ans et les nervis de la « CGT Lafayette » [1] font une chasse musclée à nos militants. Mais le 25 novembre 1949, FO, seule, lance la grève interprofessionnelle pour « la libération des salaires dans le cadre des conventions collectives nationales industrielles avec minimum garanti ». La base de la CGT est réceptive à ce mot d’ordre, obligeant ainsi sa direction à rejoindre le mouvement.

En effet, de 1944 à 1947, les communistes étaient au gouvernement et avaient voté la loi du 23 décembre 1946, subordonnant l’entrée en vigueur des conventions collectives à l’agrément du ministère du Travail.

La loi du 11 février 1950

C’est FO qui va largement contribuer à la fin de cette loi de 1946 réduisant l’indépendance syndicale. Après deux mois de tergiversations, le gouvernement cède, voire capitule. La loi 1950-205 est votée par le Parlement le 11 février. Elle abolit l’agrément ministériel et rétablit la possibilité de négocier des clauses relatives aux salaires. Aussitôt, dans toutes les branches, des négociations syndicats-patronat aboutissent à des accords. Cette généralisation des conventions collectives entraîne une meilleure homogénéisation des conditions de travail. Les salaires les plus bas sont augmentés et les écarts salariaux entre les différents secteurs d’activité, entre hommes et femmes, tendent à se réduire. De 1950 à 1968, après la publication de cette loi au Journal officiel, plus de 20 000 conventions collectives et avenants seront signés.

Si en mars-avril 1948 la CGT-FO a marqué son premier essai, en février
1950 elle a réussi la transformation.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante