La CES veut renforcer son rôle

XIIIe congrès de la Confédération européenne des syndicats par Evelyne Salamero

De gauche à droite : Luca Visentini le nouveau secrétaire général de la CES et Rudy De Leeuw l’ancien secrétaire général.
#ETUC15 Final Press Conference

« Nous venons de traverser ces quatre dernières années l’une des périodes les plus noires de l’histoire du syndicalisme européen. Ce congrès a donc réfléchi à comment renforcer le rôle de la CES dans la reconquête d’une Europe sociale, une Europe pour les droits des travailleurs » a déclaré Luca Visentini (Italie), nouveau secrétaire général de la CES (élu par 96.5% des voix), lors de la conférence de presse qui a suivi la clôture des travaux.

« Il faut en finir avec les politiques d’austérité pour relancer la création d’emplois de qualité, une nouvelle politique macro-économique, avec des investissements publics dans un premier temps et des investissements privés », a souligné le nouveau secrétaire général. « Pour obtenir cela, nous avons besoin de négocier avec la Commission européenne et avec les gouvernements. Et pour négocier, il faut que nous intervenions sur la gouvernance dans le cadre du semestre européen [1] », a-t-il insisté.

Augmenter la capacité de négocier de la CES et restaurer celle des organisations syndicales nationales là où elle est mise à mal, voire n’existe pas, tel est l’un des principaux objectifs de la CES pour les quatre prochaines années.

« Le droit de grève n’est pas négociable »

Outre cette réflexion sur le rôle de la CES, la dernière matinée de ce congrès a été marquée par l’adoption de huit motions d’urgence, couvrant des sujets aussi graves que la « crise des réfugiés », la décision du gouvernement britannique d’organiser un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne ou encore la remise en cause des droits fondamentaux en Espagne, en particulier le droit de grève.

Rudy De Leeuw (Belgique), le nouveau président de la CES (élu avec 95.6% des voix) a insisté sur la nécessité de défendre le droit de grève, un droit « non négociable » , expliquant : « les 90 syndicats de 39 pays que nous regroupons sont une contre force indispensable au dialogue social. Mais si le dialogue social n’est pas possible, il nous reste la mobilisation syndicale au niveau européen et national ».

Luca Visentini, secrétaire général de la CES
F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0 (www.flickr.com/force-ouvriere/)

Des paroles en forme de message, un « message rafraîchi » comme l’a dit Luca Visentini, pour indiquer que la CES entend rompre avec son image d’organisation « bureaucratique », repartir à la conquête des travailleurs et obtenir des avancées concrètes de la part des institutions de l’Union européenne et des gouvernements. Pour cela, elle entend renforcer l’implication de ses organisations affiliées dans son fonctionnement.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

Notes

[1Chaque année, de janvier à juillet, les États membres de l’Union européenne coordonnent leurs politiques structurelles, macroéconomiques et budgétaires sous la surveillance de la Commission européenne. En mai de chaque année, la procédure donne lieu notamment à des recommandations adressées par la Commission aux pays membres. Le semestre européen, indique la Commission, « vise à permettre aux États membres de tenir compte des orientations de l’UE à un stade précoce de l’élaboration de leurs budgets nationaux et d’autres politiques économiques ».

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